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(Différences entre les versions)

Version du 13 novembre 2014 à 15:16


Je veux, au bord de l'eau pensive, ô Bien-Aimée,
A ta lèvre de soir et d'ombre parfumée
Boire un peu de ton âme à tout soleil fermée.

Les ténèbres sont comme un lourd tapis soyeux
Où, dans un grand enchantement silencieux,
Je ne vois plus que la tendresse de tes yeux.

Comme pour saluer les étoiles premières,
Nos voix de confidence au calme des clairières
Montent, pures dans l'ombre, ainsi que des prières,

Et je baise ta chair angélique aux paupières.

SONNET


Des soirs fiévreux et forts comme une venaison,
Mon âme traîne en soi l'ennui d'un vieil Hérode,
Et, prostrée aux coussins où son mal la taraude,
Trouve à toute pensée un goût de trahison.

Pour fuir le désespoir qui souffre à l'horizon,
Elle appelle la sombre danseuse qui rôde;
Et Salomé vient dans la salle basse et chaude
Secouer le péché touffu de sa toison.

Elle danse... Oh! pendant qu'avec l'éclat des pierres
Au soleil, tes deux yeux brûlent dans leurs paupières,
Mon âme, entends-tu pas bêler dans le verger?

Tii le sais bien, pourtant, quel enfer te l'amène,
Et qu'elle va, ce soir, réclamer pour sa haine
L'Agneau blanc de ton pauvre cœur pour l'égorger.

Albert Samain.