Poissons rouges

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Saint-Pol, Roux, « Poissons rouges », Mercure de France, t. I, n° 2, février 1890, p. 45.


POISSONS ROUGES

pour Pierre Quillard.


Sur les haut-vivants reposoirs
C'est le mariage des ailes.
Les fleurs, filles des arrosoirs,
S'affichent, fleurantes voyelles.


Lambeau d'époque, éteint flambeau
D'une apothéose de pierre,
Un fût se pâme en son tombeau
De valse-admirante-de-lierre.


Fait avec les pleurs du roc dur
Qui de la mousse douce émerge,
Ici regarde un Bassin, pur
Ainsi qu'un œil de blonde vierge.


Des mains en l'avril du décor,
Au centre de la vasque ronde,
Comme on fait pour les césars d'or,
Invisibles, brassent de l'onde.


Sur le bord, d'albes déités,
Délicieusement exsangues,
Dans les rieuses bleuités
Regardent naviguer leur langues.

Saint-Pol Roux.

2 Septembre 1885.

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