- Ce soir, tes yeux en peine ont la pâleur des fleurs
- Que je cueillis avec des soins mélancoliques
- Pour sécher d'un parfum tes cils mouillés de pleurs,
- Et ton cœur ne sait plus de joyeuses musiques.
- Tu souriais naguère, ô blonde sœur d'exil !
- Mais tout gémit, ce soir, et le printemps s'étonne
- De voir l'été paraître seuil de cet avril
- En ténébreux déguisement couleur d'automne.
- Le soleil endormi rêve dans l'océan...
- Ne livre pas aux vents du large ta pensée;
- Ce soir, le ciel sans lune est un gouffre béant:
- Ta main froide est l'aveu que ton âme est glacée.
- Pour asile à tes yeux, ce soir, j'ouvre les miens
- Leurs clartés sont, ma sœur! des souvenirs d'étoiles...
- Ah! si l'Espoir au loin met en péril tes biens,
- Puissent les vents prendre en pitié ses blanches voiles!
Julien Leclercq.