Le Soleil s’est couché

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Julien Leclercq, « Le Soleil s’est couché », Mercure de France, t. V, n° 32, août 1892, p. 339.



LE SOLEIL S'EST COUCHÉ
Ce soir, tes yeux en peine ont la pâleur des fleurs
Que je cueillis avec des soins mélancoliques
Pour sécher d'un parfum tes cils mouillés de pleurs,
Et ton cœur ne sait plus de joyeuses musiques.


Tu souriais naguère, ô blonde sœur d'exil !
Mais tout gémit, ce soir, et le printemps s'étonne
De voir l'été paraître seuil de cet avril
En ténébreux déguisement couleur d'automne.


Le soleil endormi rêve dans l'océan...
Ne livre pas aux vents du large ta pensée;
Ce soir, le ciel sans lune est un gouffre béant:
Ta main froide est l'aveu que ton âme est glacée.


Pour asile à tes yeux, ce soir, j'ouvre les miens
Leurs clartés sont, ma sœur! des souvenirs d'étoiles...
Ah! si l'Espoir au loin met en péril tes biens,
Puissent les vents prendre en pitié ses blanches voiles!

   Julien Leclercq.


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