« Apparition.- Chanson pour endormir le cœur »

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G.-Albert Aurier, « Apparition. — Chanson pour endormir le cœur », Mercure de France, t. I, n° 11, novembre 1890, p. 390.


APPARITION



 Dans ce parc, que nul parc de rêve n'égala,
 Ce fut ta tête pâle, ô Pâle entre les pâles,
 Dans ce parc, somptueux comme un soir de gala,
 Ta tête défiant en pâleur ces opales !…
 Ce fut ta tête pâle, ô Pâle entre les pâles…

 Tes cheveux s'exhalaient en nuages joyeux…
 Et ta bouche entrouverte était pleine d'étoiles…
 Et vers mes yeux, fluaient les fleuves de tes yeux
 Pleins de galères d'or, de rameurs et de voiles !…
 Et ta bouche entrouverte était pleine d'étoiles…



CHANSON POUR ENDORMIR
LE CŒUR



 Prête à mes rêves las le berceau de tes bras…
 Des papillons jolis volètent par la chambre…
 Je boirai l'hypocras des mots que tu diras
 Et baignerai mon front dans tes fins cheveux d'ambre…
 Prête à mes rêves las le berceau de tes bras !…

 Berce, berce mon Cœur de tes caresses vaines…
 Tes yeux fleuris sont pleins d'un vol de colibris,
 Pleins de chansons d'oiseaux, pleins d'odeurs de verveines,
 Et tu fais refleurir les fleurs quand tu souris !…
 Berce, berce mon Cœur de tes caresses vaines !…

 Endors mes rêves las dans le lit de ta chair…
 Mon front est transpercé d'épines douloureuses
 Et tes seins lui seront un oreiller bien cher !…
 J'essayerai d'oublier que ta poitrine est creuse…
 Endors mes rêves las dans le lit de ta chair !…


G.-Albert Aurier

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