Notre collaborateur Remy de Gourmont publie par souscription, à tirage restreint, Le Latin Mystique, les Poètes de l'Antiphonaire et le Symbolisme au moyen-âge, étude critique accompagnée d'une anthologie, texte et traduction. — C'est l'histoire de la poésie latine sous l'inspiration chrétienne, depuis le IIIme jusqu au XIIIme siècle, de Commodien à Saint Bonaventure. Voici un rapide extrait des Sommaires, qui résume les dix-neuf chapitres et les deux appendices de l'ouvrage.
Introduction. — I. Commodien et la naissance de la poésie chrétienne. — II. — Saint-Hilaire. Saint-Ambroise et les heures canoniales. — III. Prudence. — IV. Sidoine Apollinaire. — V. Claudien Mamert et Fortunat : le Pange lingua et le Vexilla regis. — VI. L'époque carlovingienne. Raban Maur et le Veni creator. — VII et VIII. Les séquences irrégulières ou proses de l'école de Saint-Gall. Le Victima paschali laudes. Le Salve regina, etc., etc. — IX. Histoire des Litanies. — X. Le onzième siècle. Le vers latin syllabique origine du vers français. — XI. Hildebert de Lavardin et Alain de Lisle, poète scolastique. — XII. Marbode et la symbolique des pierres précieuses. — XIII. Saint Bernard, poète. — XIV. Saint Anselme, etc. — XV. Adam de Saint-Victor et Saint Thomas-d'Aquin. — XVI. Innocent III et Saint Bonaventure. Les Horloges de la Passion, — XVII Le Cycle anonyme de la Vierge. - XVIII. Histoire du Dies ira. —XIX. Histoire du Stabat mater. — Appendice A. Thomas a Kempis poète dans l'Imitation. — Appendice B. Histoire du Bréviaire romain. Liste de toutes les proses, hymnes et principales
antiphones, leurs auteurs, la date de leur composition, etc. « Au cours de l'ouvrage, ces proses et hymnes sont restituées en leurs textes authentiques et originaux, malheureusement altérés dans la suite des siècles. » — Table chronologique. — Notes bibliographiques. — Index général.
A. V.
Le mercredi 9 mars 1892. après un réquisitoire très modéré de M. le substitut Cabat, notre collaborateur G.-A. Aurier et M. de Armas, brillamment défendus, l'un par Me. Destrez,
l'autre par Me. Labory, ont été condamnés à 200 frs. d'amende avec application de la loi Bérenger, pour des articles publiés dans l'Echo de France. De ces poursuites ridicules, il ne sied de retenir que quelques paroles un peu inattendues de M. le Président Boislisle adressées à G.-A. Aurier : « Le titre seul de votre article, Mariage Blanc, est manifestement obscène.... Vous y peignez des amours dont, a votre âge, Monsieur, nous ignorions même l'existence. » Le même magistrat reprochait à M. de Armas d'avoir décrit une passion incestueuse ; il oubliait sans doute qu'une pièce appelée Phèdre est commentée dans les lycées et collèges, et l'avocat, Me Labory, lui fit en outre remarquer doucement que l'inceste n'est même pas un délit.
Le membre de la Ligue contre la licence des rues, chargé de la délation quotidienne, a aussi demandé que, pour bien établir la jurisprudence, des poursuites fussent exercées contre M. Jules Lemaître pour une comédie intitulée aussi Mariage Blanc : une condamnation sévère est imminente, la prescription n'étant pas admise en cette espèce, ainsi que le montra récemment la mésaventure de M. Brendimboug(I).
P. Q.
Notre confrère et ami M. Camille de Sainte-Croix, rédacteur en chef de la Bataille Littéraire, a épousé le 17 de ce mois Mlle Zoé-Suzanne Bellejambe. La veille, M. René Emery, rédacteur en chef du Fin-de-Siècle, s'unissait à Mlle Jeanne Chomel. — Nos meilleurs vœux aux jeunes époux.
M. Charles Henry, Maître de Conférences à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, ouvrira à la Sorbonne, le vendredi 25 mars, à I h. 1/2, un cours sur la physiologie générale des sensations. — Des exercices pratiques sur les matières du cours auront lieu le samedi, à 10 h. du matin, au Laboratoire de Psychologie-physiologique.
M. Paul Fort annonce la troisième représentation du Théâtre d'Art pour la semaine prochaine. Le spectacle comprendra : deux scènes titrées de Vercingétorix, drame en vers d'Edouard Schuré, décor artistique d'Odilon Redon ; Les Noces de Sathan, un acte en vers de Jules Bois, partie musicale de Debussy, décors et costumes artistiques
de Henry Colas ; le premier chant de l'Iliade, interprétation théâtrale en 4 tableaux, en vers, de Jules Méry et Victor Melnotte, partie symphonique de Gabriel Fabre, partie décorative et costumes reconstitués par Charles Guilloux.
Parmi les manuscrits déposés à la Bibliothèque Nationale et actuellement sous scellés, se trouvent : Lettres à la Présidente, par Théophile Gautier (publiable en 1920. — Imprimé déjà, mais subrepticement et d'après une mauvaise copie) ; Les mœurs de mon temps (1830-1870), par Maxime du Camp (publiable en 1910).
Très nombreuse réunion, l'autre soir, au premier des dîners mensuels de la Plume, présidé par Aurélien Scholl. Reconnu parmi les dîneurs MM. Jules de Marthold, Tissot (Figaro), le docteur Gérard, Me. Labory, Edouard Dubus, Willy, Jules Renard, Yvanhoé Rambosson, Ernest Raynaud, Adrien Remacle, Alfred Vallette, Cazals, Charles Delacour, Emile Strauss et Alcanter de Brahm, du Nouvel Echo, Marcel Bailliot, Léon Dequillebecq, etc., et... Léon Deschamps. L'arrivée tardive de Paul Verlaine fut acclamée. La soirée s'est terminée par des chansons : M. Canqueteau est vraiment très drôle, et il ne tiendrait qu'à lui, auteur, compositeur — et avec une telle voix — de gagner de grosses sommes sur quelqu'une de nos scènes chantantes.
Au dernier dîner des Tête de Bois, chez Excoffier, sous la présidence de Jean Dolent : MM. Eugène Carrière, Albert Maignan, Paul Séruzier, Paul Ranson ; Léveillé, Henri Paillard ; Charles Morice, Alexandre Sawa, Edouard Dubus, M. et Mme Alfred Vallette, Jules de Marthold, Jules Bois, Alvaro Calzado, Emile Besnus, qui a dit de beaux vers, Ernest Jaubert, Paul Gallimard, Jean Carrère, qui a fait du bruit comme quatre en essayant d'amener M. Jules Bois à ses idées sur la divinité de Jésus, Ernest Carrière, de la Villohio, Yann Nibor, Hugues Rebell, Alfred Michau, le guitariste espagnol Pedro Gonzalez y Campos.
La maison Elkin Mathews, de Londres, met en souscription les English Poèmes de Richard Le Gallienne, l'auteur de Beauté maudite, publié dans notre dernier fascicule. Prix, selon le papier : 5 s., et 12 s. 6 d.
Littérature sacrée en 1892 (suite) :
« Otez au sculpteur son marbre et son ciseau, il n'y aura plus de statue. Otez au peintre sa palette, ses pinceaux et sa toile, et il n'y aura plus de tableau. Otez au musicien l'air vibrant et sonore, et il n'y aura plus de symphonie... » De Mgr. d'Hulst, en son premier sermon de carême, donné à Notre-Dame le dimanche 6 mars.
Nous sommes obligés de remettre à la prochaine livraison notre Petite Tribune des Collectionneurs.
Mercvre.