L'Endehors, qui s'est assurément plusieurs fois mis dans le cas d'être incriminé pour articles séditieux, est poursuivi pour... pornographie. M. Zo d'Axa ne s'attendait point à celle là. La rigide vertu de M Jules Simon triomphe. mais les arnarchos doivent bien rire qu'on prenne de ces petits chemins pour les atteindre. — La Justice, d'ailleurs, au bon pays de France devient bizarre. Nous n'avons — non pas parce qu'il disait des saletés, mais parce qu'il les disait sans aucun talent — jamais soutenu M. de Chirac, et le premier comité de lecture du Théâtre d'Art, composé en majeure partie de rédacteurs du Mercure de France, a toujours unanimement blackboulé les pièces qu'il présentait; nous sommes d'autant plus libres, compétents aussi, pour donner notre avis sur la peine infligée. Or, ainsi que l'a très exactement démontré Me Labory, le directeur-acteur du Théâtre Réaliste est, en matière littéraire, aux trois quarts inconscient, et sa condamnation à 15 mois de prison est tout à fait exessive, à considérer surtout, comme le note spirituellement M. Henry Céard dans le dernier numéro d'Art et Critique, que d'autres, « dont les délits étaient autrement précis et dont les actes furent singulièrement caractérisés, ont payé d'une moindre incarcération leurs idylles des Champs-Elysées et du bois de Vincennes ». — Autre chanson à propos de la condamnation de Fin de Siècle, du Messager Français et du Courrier Français. Le premier reproduit un article que le second a emprunté au troisième, lequel le publiait il y a dix-huit mois. Donc, trois délits, et, comme il n'y a prescription pour aucun, trois condamnations. Mais cela n'est juste que de droit étroit : la coutume est en effet, si l'on peut dire, plus légale que la loi elle-même, et, le Parquet n'ayant point coutume de poursuivre un journal dix huit mois après le délit, les deux journaux reproducteurs étaient autorisés à se croire à l'abri. D'où, à pousser cette doctrine aux dernières conséquences et en admettant qu'il y ait prescription pour le premier délit, ce dilemme fâcheux: ou la justice, ne pouvant atteindre le premier délinquant, abandonne les poursuites contre les deux autres — ce qui est immoral puisqu'elle juge qu'il y a délit; ou, sans se soucier de celui qui lui échappe, elle condamne les deux autres — ce qui est immoral puisque n'est point puni l'auteur du premier délit, fauteur des délits subséquents.
A. V.
Art et Critique a reparu le 16 de ce mois-ci sous la direction de M. E. Pichot, qui déclarait dans une circulaire préalable:
« Je me suis, dès à présent, assuré le concours de M. Jean Jullien, fondateur « d'Art et Critique », et de MM. Henry Céard, André Corneau, Alfred Ernst, Gustave Geffroy, Georges Lecomte, Gaston Salandri, etc., etc.
« Rien ne sera donc changé à la ligne de cette Revue si vivante, si appréciée des lettrés et du public, et qui restera, comme par le passé, largement ouverte à toutes les tentatives d'art intéressantes, neuves et originales. »
Nos compliments à M. Pichot, et nos vœux de réussite - d'ailleurs non douteuse — à son entreprise. Deux numéros d'Art et Critique ont déjà paru.
M.Jean Jullien succède à Henri de Lapommeraye au journal Paris, et c'est M. Marcel Bailliot qui est chargé de la critique dramatique à La Plume.
Le Réveil Catholique publie par souscription (3 francs) un volume de vers inédits de Verlaine, Liturgies intimes (s'adresser à M. Signoret, 1, place de la Sorbonne).
Nous recevons le 1er numéro d'un journal bien étrange intitulé Le Chasseur de Chevelures. Nous en parlerons le mois prochain, surtout s'il continue, ce qui est douteux.
Au dernier dîner des Têtes De Bois (5 janvier), sous la présidence de Jean Dolent : les peintres Eugène Carrière, Agache, Baud-Bovy, Jules Valadon, Debon, Saint-Germier; les sculpteurs Doublemard, F. Gilbault; le graveur E. Daumont; les poètes Charles Morice, Edouard Dubus, Jean Carrère, Julien Leclercq, Alfred Mortier, Léon Duvauchel, Yvan Rambosson, Hugues Rebell, Devillers, Ernest Jaubert, Emile Besnus, Edouard Schuré, Georges Seailles; le romancier espagnol A Sawa; le chansonnier Ernest Chebroux; Frantz Jourdain, Paul Dupray, etc.
Ayant lu la note que nous avons insérée le mois dernier à propos de l’Echo des Jeunes, revue toute récente publiée au Canada par M. Gerbee, M. Victor Gresset nous prie d'annoncer que depuis janvier 1890 se publie à Paris, sous ce même titre d’Echo des Jeunes, un journal dont il est le fondateur.