Échos divers et Communications mars 1892

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Mercvre, «  Échos divers et Communications », Mercure de France, t. IV, n° 27, mars 1892, p. 285-287.


ÉCHOS DIVERS ET COMMUNICATIONS
A M. Alfred Vallette,
Rédacteur en chef du Mercure de France.


     Mon cher ami,
 Au retour d'un voyage à l'étranger, j'ouvre le Mercure de France et j'y contemple ce délicieux tableau à la mode antique: Marsyas-Carrère écorché par Apollon-Quillard.
 Je n'ai pas l'honneur de connaître mon farouche exécuteur, et sa rage inattendue a lieu de me surprendre.
 M. Pierre Quillard, avant le petit incident de l'égorgement final, consacre six longues pages à démontrer que je n'existe pas. Il a vraiment du temps à perdre!
 Je ne m'arrêterais pas à relever d'aussi graves accusations, si l'article de M Pierre Quillard ne contenait çà et là quelques inexactitudes, que je tiens à rectifier aux yeux des lecteurs du Mercure.
 M. Pierre Quillard semble me reprocher d'appartenir à cette religion vague, sans Dieu ni dogme, de croyants sans foi et de pèlerins sans but, dont Tolstoï est le prophète, M. de Vogüé l'apôtre et M. Paul Desjardins le suisse. C'est une erreur. Je suis chrétien, simplement et absolument chrétien, et s'il m'advient d'entrer en lice, ce ne sera jamais que pour concourir, dans ma faible mesure, au triomphe de l'œuvre sociale du Christianisme.
 C'est une opinion qui a, tout au moins, le mérite d'être parfaitement claire. Ce n'est pas, je crois, celle de M. Pierre Quillard. Si j'ai bien compris la fin de son article, il est plutôt « Corybante » et sa doctrine consiste à « s'enivrer avec les mystérieux murmures ». C'est peut-être une opinion très nette aussi, et Dieu me garde de la discuter.
 Mais voilà bien du bavardage pour une misérable querelle d'écoliers. Nous sommes, M Quillard et moi, si peu de chose, qu'il serait même enfantin d'amuser plus longtemps la galerie de nos vains débats.
 Un mot toutefois. Quand on a l'âge de M. Pierre Quillard et le mien, quand on entre dans la vie et qu'on a tant de peine à marcher dans sa voie, j'estime qu'on a mieux a faire qu'à se déchirer entre jeunes ; et pour ceux qui ont le goût de la lutte, il me semble qu'il y a plus de hardiesse et d'utilité à combattre des adversaires déjà puissants. Quand nous seront forts, les uns et les autres, nous saurons bien nous retrouver.
 Je vous prie, mon cher ami, de transmettre à M. Pierre Quillard ces conseils charitables, pour lui prouver que je lui pardonne sa tentative de méchanceté.
  Bien cordialement à vous,

Jean Carrère.


 P. S. — « Geigner » est un vocable local qui signifie, dans le langage de la plupart des ouvriers du bois, « travailler péniblement et sans succès ». Ce terme populaire m'a semblé suffisamment pittoresque, et je l'ai adopté, comme j'adopterai à l'avenir toutes les expressions du même genre qui me plairont.

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 Un comité composé d'amis d’Ephraïm Mikhael, mort le 5 mai 1890, se propose d'élever à sa mémoire un monument de pieuse admiration. Il fait appel à tous ceux qui aimèrent l'homme et le poète, à ceux qui estiment qu'il a réuni en lui plusieurs des plus nobles dons particuliers à la jeune génération. Il sied qu'une image de marbre, sur sa tombe, rappelle ce que fut le pur poète qui repose là. L'exécution du monument a été confiée à M. Michel Malherbe. Les souscriptions sont recueillie par M. Gaston Danville, trésorier, 191, faubourg St-Honoré, et par chacun des Membres du Comité.

Le Comité,

 Jean Ajalbert, Camille Bloch, Marcel Collière, Gaston Danville, Rodolphe Darzens, Ferdinand Herold, Henry Lapauze, Bernard Lazare,Grégoire Le Roy, Charles Van Lerberghe, Mooris Maeterlinck, Stuart Merril, Emile Michelet, Albert Mockel, Pierre Quillard, Henri de Régnier, Saint-Pol-Roux, Alexandre Tausserat.

 M. George Bonnamour est poursuivi pour outrages aux bonnes mœurs: il s'agit de la reproduction, par un journal illustré, d'un fragment de Représailles, roman paru il y a six mois. M. Bonnamour, qui comparait mercredi 24, sera défendu par Me F. Desjardins. Il compte d'ailleurs développer lui-même une thèse sur l'incompétence des tribunaux en matière de littérature. — Nous apprenons que notre collaborateur G.-Albert Aurier est également poursuivi pour une nouvelle publiée dans l'Echo de France du 10 février. — C'est avec plaisir que nous notons ce nouveau triomphe de. M Jules-Simon Suisse :encore quelques victoires de ce genre, et il n'est pas douteux que le parfait ridicule de la Ligue des Quarante Sous n'aparaisse aux ligueurs eux-mêmes, qui regretteront alors l'important capital — coïncidence bizarre: c'était autrefois, avant l'augmentation des prix de toute chose, le tarif des filles de la rue — qu'ils ont généreusement sacrifié à la vertu de la France. M. Suisse s'est trompé de pays : notre tempérament même nous défend d'atteindre à l'admirable hypocrisie anglaise. Sous ce rapport, nous sommes irrémédiablement ratés.
 En même temps que L'Ecornifleur, de Jules Renard, la librairie P. Ollendorff met en vente une nouvelle édition de Sourires Pincés.
 C'est en mars que le livre annoncé de notre collaborateur Edouard Dubus : Quand les violons sont partis, paraît dans la précieuse collection de la « Bibliothèque Artistique et Littéraire ».
 L'Echo de France, quotidien nouveau, ou plutôt transformé, a publié, depuis le 27 janvier, des chroniques ou nouvelles signées: P.-N. Roinard, Saint-Pol-Roux, Remy de Gourmont, Rachilde, G. - Albert Aurier, Adolphe Retté, A. de Armas (Jules Rock) etc.
 C'est définitivement le Saint-Graal (42, rue du Cherche Midi) qui édite, par souscription, les Liturgies intimes de Verlaine. Exemplaires de luxe : 20 fr.; ordinaires : 3 fr.
 Le professeur H. Durville rouvre aujourd'hui, 25 février, son cours pratique de magnétisme appliqué au traitement des maladies (Institut Magnétique, 23, rue Saint-Merri).
 D'une nouvelle de Henri Le Verdier : (Gazette Mondaine, 13 février):
 « Il l'enlaça de l'effluve électrique d'un regard qui répondait : — « Quand vous voudrez» »
 Chanson patriotique (échantillon n°3):
  Ils vont aussi mourir pour la patrie:


  Dans notre temps nous avons fait comme eux.
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