Chanson de Légende

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Tristan Klingsor , « Chanson de Légende  », Mercure de France, t. VI, n° 34, octobre 1892, p. 143.


CHANSON DE LÉGENDE

Mein bester Trost mùsznùn zù Ende sein.

A. von Johannsdorf.


Pauvre Dame d'amour aux pâles doigts,.
Trame une simarre magique à mes pensées,
Pauvre Dame d’amour aux frêles mains bercées
Par l'étrange rouet des Autrefois.
— Les hiers sont trop doux par la légende;
Il pleut des remords et des étoiles sur ce soir.
— Et voici qu'est venue sans qu'on l'entende
La morte fantômale au manoir,
La morte aux gestes troublants de légende:
Pauvre Dame d'amour aux pâles doigts,
Elle t'a regardé si pensive, la trépassée,
Pauvre Dame d'amour aux frêles mains bercées
Par l'étrange rouet des Autrefois,
Connais-tu pas la trépassée?
C'est mon Ame qui s'en revient de là-bas,
Par la route lunaire des mortes,
C'est mon Ame qui heurte à la porte
Du Soir, et qui t'implore, t'implore tout bas.
— Car l'hier est trop doux en la Trêve;
Car la Triste est malade de rêve.
— Pauvre Dame d'amour aux frèles mains bercées
Par l'étrange rouet des Autrefois,
Tisse un Linceul fleurdelisé de tes pâles doigts,
Un linceul magique à la pauvre Ame trépassée,
Pauvre Dame d'amour aux pâles doigts.

Tristan Klingsor.


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