ENQUÊTES ET CURIOSITÉS.
Sous cette rubrique, les lecteurs du Mercure de France pourront demander certains renseignements touchant l'histoire, la biographie, la littérature, l'art, l'anecdote, la bibliographie, etc., — et y répondre en toute liberté. Néanmoins, la rédaction du recueil se réserve d'abréger ou même d'écarter les questions ou réponses qui lui paraîtraient démesurées, peu sérieuses ou banales. — A ces petites enquêtes on joindra des notes ou de courtes discussions, — réponses sans questions — sur tels sujets de nature à intéresser les érudits ou les curieux. — II s'agit, pour nous, non d'amuser le public par du nouveau, comme le Figaro, mais uniquement de mettre à la portée de nos lecteurs un moyen d'information monopolisé jusqu'ici par des revues spéciales.
— On demande quelques renseignements sur cet abbé, auteur présumé de l'ouvrage intitulé: Ordres monastiques, histoire extraite de tous les auteurs qui ont conservé a la postérité ce qu'il y a de plus curieux dans chaque ordre, etc. — A Berlin, 1751, 6 vol. in-12.
R. G.
Voltaire. — On croit que ce vers est de Voltaire:
B. C.
Théophile Gautier. — L'édition des Émaux et Camées qui porte : Deuxième édition, revue et augmentée (P., E. Didier, 1853) est-elle bien la 2me éd. réelle ? N'y en a-t-il pas eu une autre entre celle-ci et la première?
H.
Les Hommes. — Quel est l'auteur de l'ouvrage anonyme intitulé Les Hommes ? La nouvelle édition revue, etc., que nous avons sous les yeux, est de 1728, chez les frères Barbou.
H.
Shakespeare. — Voici, croyons-nous, le plus ancien document en français, sur Shakespeare. En 1693, parut à Utrecht, chez Antoine Schouten, un petit volume intitulé : Les Œuvres mêlées de monsieur le chevalier Temple. Il contient trois essais traduits de l'anglais et dont le texte avait été publié de 1680 à 1690, à Londres, sous le titre de Miscellanea. On lit dans le
troisième de ces essais, Essai de la Poésie, à propos de la poésie dramatique (pages 364 et 365):
« ...Mais je serais fort trompé si nos Anglais n'ont pas à certains égards surpassé les Modernes et les Anciens ; ce qu'il faut attribuer à la force de leur Veine, qui est peut-être particulière à nôtre païs, et qui est ce que nous appelions Humeur, d'un terme propre à nôtre langue, qu'on auroit de la peine à exprimer dans une autre. Je ne sache pas qu'il y ait eu parmi tous les Poëtes des autres Nations un homme en qui cette Humeur ou cette Veine Poëtique se soit trouvée comme dans Molière, encore a-t'elle été un peu trop tournée au Comique, ou à la Farce, pour être tout à fait la même chose avec celle de nôtre Nation. Shakespear a été le premier qui a introduit sur nôtre Théâtre cette sorte de Poësie, à laquelle on a toujours pris depuis tant de plaisir, que je me suis souvent étonné de voir qu'il y ait eu si peu de gens qui s'y soient fortement appliquez : d'autant plus qu'il n'y a point de sujet qui soit plus propre pour les Poëtes, puisque ce que nous appellons Humeur n'est qu'une peinture ou une représentation de la conduite et de la manière de vivre des Particuliers, au lieu que la Comédie l'est du général. Cependant, quoi qu'on ne voye dépeintes et représentées dans ces sortes de Pièces que des actions et des choses qui sont particulières à de certaines personnes, tout y est pourtant aussi naturel que si c'étoient des choses qui fussent communes à tout le monde... »
Cette mention est bien antérieure à celle que l'on doit à Clément, rédacteur, dans les premières années du xviiie siècle, du catalogue manuscrit de la Bibliothèque Nationale.
R. G.