A Leconte de Lisle.
L'homme est un animal perfectible.
(LA SAGESSE)
Un plateau désert sur la plus haute cime d'une montagne. Des rocs que nulle mousse ne vient adoucir gisent sur le sol, veuf de tout arbre et de toute broussaille même. Une intense et vibrante lumière anime seule le silence des pierres austères, et les rayons du soleil dardent droits, terribles, car ils ne sont plus arrêtés par les vantaux des brouillards. Les flancs du mont sont étreints de nuages pâles et floconneux qui déferlent et semblent assaillir les altitudes. Sur le plateau et devant une grotte, un homme est assis.
Il y a dix mille ans que s'est tue la dernière voix annonciatrice du Verbe, et depuis des siècles sans nombre, déjà ma lyre s'était brisée à l'ordre des dieux. Encore, sur la terre défleurie, résonnaient les vibrations de l'ultime chant, alanguies et mourantes, semblables au souffle des brises qui s'éteint parmi les roseaux des lacs clairs. Désormais mes oreilles ne percevront plus les échos qui venaient d'en bas. Le chœur des magiques syllabes s'est envolé; vers les cieux profonds il est allé rejoindre les antiques et sororales harmonies. En moi, il a retenti, sonore comme un appel, douloureux comme une fuite. Les reines voilées d'infini ont cessé d'exister de la vie misérable, elles ont conquis l'éternelle vie des ineffables paroles et des rayonnantes idées.
(Il se tait, et, muet, il songe, les regards perdus, tandis que le soleil décline, semant de fleurs fauves les pentes du mont.)
Oh ! la prime aurore, où les maîtres des destins dénudèrent pour moi les essences prodigieuses. Dans le blanc matin, elles apparurent, et se calmèrent la rumeur des bois et la fastueuse plainte des mers. L'air palpitait d'ivresses ignorées, des parfums nouveaux se révélaient à mes sens ; des corolles naissaient et se fondaient dans l'éther; la lourde muraille de ténèbres qui cloîtrait le Monde s'effondrait sous le doigt des Voyantes, et, le premier parmi les hommes, je communiai avec l'Univers.
(De lointaines harmonies émeuvent l'espace, le visage de l'homme irradie, un vol d'abeilles rousses entoure sa tête d'un nimbe vivant. Le chœur des voix s'approche, il retentit au-dessus du mont. L'homme écoute, extasié.)
Les vierges que tu possédas, les vierges toujours immaculées, te saluent, amant premier, époux très cher.
Pures formes, éternelles amantes qui m'êtes apparues jadis dans l'aube initiale, vous qui avez tendu vos lèvres à mes baisers, vous qui avez donné vos flancs à mes étreintes, je vous salue, épouses, moi, l'époux de votre dilection.
Élu, quel chagrin te poind, toi le seul de ta race qui vécus une minute de la vraie vie ? Tu nous connus et tu chantas; sous le plectre, la lyre surgie créa le monde une seconde fois. Aède immortel en qui s'incarna le Verbe, unique roi des rhythmes surhumains, les poètes mortels n'ont répété que les syllabes dites par toi au jour inouï des révélations. Nul mot n'existe que tu n'aies dit, nulle vision ne s'évoque que tu n'aies voulue. Que te faut-il? La gloire ne te suffit-elle pas d'être le père véritable des initiés qui semèrent tes paroles au vent des crépuscules, à la brume des matins?
Pourquoi les Glorieux à qui rien ne peut résister, ont-ils voulu que je connusse la terrestre fin des sages que mon esprit enfanta?
Les enfants que tu engendras ont tissé la trame qui te retient. Seule, leur mort peut te libérer de vivre.
Hélas! Hélas! Voyantes! Voilà qu'aujourd'hui va mourir le dernier homme qui savait mes noms multiples, le dernier qui redisait les poèmes hautains de mes fils. Avec lui, ils périront, avec lui, je périrai, et maintenant la douleur m'étreint de perdre une vile gloire. « Jusqu'au jour où nulle bouche ne répétera tes chansons et tes strophes, a dit le Maître auguste, jusqu'à ce jour, tu persisteras. » J'ai gémi de l'arrêt immuable, mais je n'ai jamais cru à la disparition des fervents, à la mort des prêtres. Dans ma solitude j'ai acquis les plus merveilleuses sciences. Me serviront-elles seulement à pleurer l'hiérodoule qui aura brisé le dernier encensoir ?
C'est l'irrémédiable infirmité attachée à la chair. Tu n'as pu abdiquer ta transitoire forme; ainsi, tu es semblable aux êtres qui grouillent au-dessous de toi, tels des pourceaux misérables, et tu sais leurs terreurs et tu sais leurs maux. Jusqu'à l'heure des délivrances, la lutte subsistera.
L'effort est inutile. A créer l'harmonie, la force est impuissante. (Il songe.)
. Les dieux qui s'incarnent ne déchoient-ils pas? L'impalpable brouillard même qui les enveloppe quand vers nous ils descendent ne suffit-il pas à les abaisser? Et moi, tout entier pétri de lange, je veux conserver sans macule le spirituel effluve que j'ai mission de garder. Hélas! je pleure ma royauté humaine, et la joie d'un empire définitif ne me console pas. Je vais vivre dans tous et pour tous : je voudrais Vivre seul!
O vous ! puissants que j'invoque! une dernière fois, laissez-moi chanter! Epouses éternelles, dévêtez encore pour moi votre linceul de nues. Comme au jour primitif, permettez à ma bouche de baiser votre front. Laissez ma voix descendre vers les plaines; que celui qui, solitaire, agonise, entende vibrer les cordes chères, que les sons bien-aimés l'endorment du bon sommeil.
Nous voici, doux époux de notre dilection, à tes baisers nous venons tendre nos lèvres. Entends autour de toi frémir nos ailes de lumière. Doux époux, nous voici!
(Dans l'air que parcourent des ondes harmonieuses et claires, les formes apparaissent, ceintes de gloires, vêtues de rayons. L'homme les contemple, éperdu, les mains tremblantes tendues vers elles, puis, d'un grand geste qu'accompagne le regard consentant des formes, il saisit la lyre d'or. Ses doigts religieux éveillent les sonorités latentes du long sommeil où les avaient confinées les destins ; elles emplissent l'espace du prélude divin de leur résurrection. Le vol des abeilles joue autour de la courbe glorieuse et semble accompagner les mélodies mouvantes. L'homme chante, tandis que les apparitions suscitées penchent vers lui leur front et épanchent sur ses épaules la gaze arachnéenne de leur cheveux blonds.)
Lac aux eaux molles, dont les flots lents s'écrasent
sur la grève squameuse, semblables à des entrailles gluantes arrachées au ventre de monstres ignorés, lac dont s'endort la prunelle éteinte et que nul amical reflet ne vient agiter, lac triste qu'enserrent des plaines au dos rugueux, d'infertiles terres au sol inflexible, bouclier roux opposé aux germes souterrains. Morne lac!
Au milieu de tes ondes hostiles, j'avais dressé le château de mes espoirs et de mes rêves, le château où, sur la tour haute, brûlait la torche des orgueils. Donjon merveilleux étageant ses terrasses de porphyre, recélant des parterres diaprés, des vergers défendus par les abeilles gardiennes et des bassins, geôliers des eaux vivantes qui s'agitaient sous leur blanche tunique de lotus, brisant leurs écumes au jaspe des carcères. Donjon superbe, tu avais clos comme des paupières les fenêtres ouvertes sur le lac morose par des architectes insoucieux ; tu réservais l'accueil de tes yeux sertis de marbre aux jardins intérieurs, embaumés de troënes, éclatants de roses d'or. Tes pierres attentives, Donjon, écoutaient les voix errantes et prisonnières, tes échos redisaient les chansons proférées et tu les faisais encore vivre par les portiques et les colonnades, dans les salles vides et dans les galeries, au milieu des feuillages amis, au fond des grottes bienveillantes que revêtait le velours des mousses.
O flûtes qui préludiez aux margelles des puits, pipeaux rustiques résonnant près des viviers qu'émeut le bond des carpes, luths, rebecs et vous, violes d'amour égarées parmi les charmes, les chères murailles perpétuaient vos mélodies. En les chapelles qu'abluait la pourpre des vitraux, s'entendait la plainte des psaltérions mystiques, des tendres nebels et des kinnors énamourés. Mais dans la plus vaste et la plus cachée de tes chambres, Manoir de mes doux songes, dans la chambre parfumée par les baumes sacrés de l'onyx marin, sur l'autel de sardoine oint de myrrhe franche se dressait la royale Lyre, dominatrice et souveraine du hautain château de mes espoirs.
Hélas! palais perpétuel des rhythmes, asile des hautbois et des harpes en exil, reliquaire sacré des cantilènes puériles et des strophes glorieuses, l'indifférence des eaux gélatineuses s'émut un jour du mépris que tu affirmais. Le lac sortit de son silence et les bras visqueux de ses flots étreignirent tumultueusement tes assises périssables, fier Donjon. L'armée
des plantes vénéneuses descella les blocs dont se targuaient tes remparts, le suc des purulentes jusquiames effrita les ciments, les doigts roses des digitales éraillèrent le marbre que corroda l'ombelle sombre des ciguës, la horde des fungus et des moisissures mordit les poutres, tandis que le vent complice agitait les violâtres baies des hannebanes puissantes, foule assaillante de minuscules béliers battant les murs.
Tu vacilles, château des visions sonores, l'arc de tes voûtes fléchit, tes tourelles s'affaissent, tes jardins se meurent, tes étangs limpides s’obscurcissent, et bientôt les eaux gluantes et victorieuses étendront sur ce qui fut toi le terne linceul de leurs ondes mornes, leurs ondes d'oubli.
(L'homme regarde au-dessous de lui. L'épaisse couche de nuages se replie en volutes neigeuses, et une ville s'aperçoit, profilant ses obélisques, arrondissant ses coupoles et convergeant ses rues uniformes vers une large place où bruit une foule tumultueuse. Sur la place une estrade, et sur l'estrade un trône. Le chef du peuple est assis, entouré des vieillards; les hérauts sont aux quatre coins, tenant des trompettes de cuivre. Vis-à-vis l'estrade, de l'autre côté de la place, une maison basse, dont le style imprévu contraste avec les demeures environnantes. Le vestibule de la maison ouvre sur une salle unique, très vaste. Elle est emplie de tableaux, de statues, d'orfèvreries précieuses, de meubles rares, d'instruments de musique aux formes surannées. Au milieu, un lit bas couvert d'étoffes dont le tissu enlace des gemmes. Un éphèbe vêtu d'un samit écarlate est étendu sur la couche, un souffle court agite de soubresauts sa poitrine; il agonise, mais son visage d'un translucide albâtre rayonne de joie. Il écoute, les yeux perdus, et les lueurs lustrales du couchant baignent les tentures et les draperies. D'en haut, l'homme voit tout.)
Mères souveraines dont je fus l'ultime servant, vous avez entendu ma voix révérente, et l'aîné de vos fils, le Roi Médiateur, salue la tombe qui vient pour moi, apportant la lumière. Mystérieuse, la Mort révélatrice s'avance, la Mort, bénévole auxiliaire du Salut. L'exil est clos, la vie s'approche: le cheval pâle
qu'elle chevauche vient de hennir à mon seuil. Le sceau des jours moroses, elle l'a brisé aux sabots de sa monture, et le nocturne manteau gemmé d'étoiles se déchire, sous le souffle prochain du jour illimité.
(Sur la place, la foule bruit et menace, des clameurs s'entendent qui arrivent au moribond.)
Tant que vivra l'Ennemi le bonheur fuira nos demeures, le calme bonheur que nos pères ont prédit, le bonheur qu'avaient dissimulé ceux qu'on appella d'abord les poètes, ceux que depuis longtemps on nomme les hiérophantes. Nous vivons dans les angoisses et les transes, et nous fermons nos portes, car nous craignons pour nos fils l'écho de la dernière voix mensongère. Quand, sans contrainte, vivrons-nous la libre vie, la vie aux joies paisibles, devant des tables servies, près des lits d'amour et de repos ? Pourquoi, chefs puissants et tutélaires, ne pas nous accorder le supplice de celui qui voulut rêver loin de nous ?
(Les vieillards qu'un frisson de terreur a secoués se lèvent en tumulte.)
(Sénilement ils balbutient et ânonnent : « le Rêve est mort ! »)
des dernières paroles s'abolira, le reflet des clartés finissantes se dissoudra. Dioscures fatals, Nuit profonde et toi, obscur Silence, puissance unique et double, vous venez vers eux ; vos pas ont effleuré le sol qui n'a pas frémi. Oh ! le pas de la Nuit et celui du Silence que seul, ici, j'ai entendus !
N'écoute pas l'hostile tumulte qui déferle autour de toi, alors que les liens passagers se déchirent, quand mon appel sauveur vient à toi. Tu es la victime qui me préserve des tentations, l'holocauste qui m'affranchit des regrets. Tu fus par moi, par toi je vais être, et par nous tu seras : ainsi s'accomplira le triple mystère que scellèrent les Dieux au matin des temps.
(Sur la place, les clameurs de la foule se sont tues ; le chef du peuple, toujours debout sur l'estrade, regarde fixement la maison d'agonie. Tout à coup un soldat fend la cohue, gravit les degrés et murmure quelques paroles à l'oreille du Dux dont la tête laurée s'incline. Sur un geste, les hérauts embouchent les trompettes dont le cuivre résonne ; ils se taisent et le chef s'avance.)
L'heure est venue, vieillards, l'heure dont l'attente fut longue pour vous ; l'heure dont tu étais impatient, peuple.
L'heure est venue. Gloire à l'heure de joie !
(Dans les empyrées, une troupe d'anges ascence vers les cieux. L'hiérophante les voit.)
L'heure est venue ! Alleluiah !
L'ère nouvelle s'ouvre et, loin de vous, l'illusoire rêve s'envole à jamais.
Le Rêve est mort, le Rêve est mort.
Le Rêve va mourir. Heureux nos fils, heureux, ils connaîtront les bonnes allégresses, celles que nul penser fastidieux ne trouble de moroses et décevantes visions. Le dernier disciple des mensongers évocateurs de songes et d'images agonise dans la solitude, et sa mort nous donne enfin la vraie vie. Quand ce jour sera révolu, les aèdes auront cessé d'être et, si la lointaine patrie qu'ils se plaisaient à exalter était si douce à leurs prunelles, ils doivent être joyeux. Et nous aussi, nous sommes joyeux ! nos légendes content que lorsqu'un de ces hommes divins — ainsi s'appelaient-ils, ainsi les saluaient leurs crédules victimes — disparaissait, les cloches sonnaient des accords funèbres, mêlant des pleurs d'airain aux sanglots des endeuillés.
Les cloches sont brisées, ils se sont enfuis, les sons d'épouvante. Nous les avons entendues, hélas ! vont-elles renaître, les cloches dont on avait arraché la langue !
Non ! Vénérables, les cloches mutilées se sont tues à jamais.
(A toute volée, par les deux, les cloches tintent, la foule ne les entend pas.)
Hosannah ! Hosannah aux reines d'éternité ! l'Absolu frémit ! Vers lui retourne l'émanation suprême ! Ame sainte, écoute la plainte dernière du corps que tu désertes. Gloire et joie, Infini, viens à l'Infini !
Hosannah ! Vierges de pur métal que Faust impénitent redoutait dans sa solitude, douces martyres à la bouche violée par les hommes, vous qui avez reçu Faust reconquis, à l'orée des pourpris sidéraux! Hosannah ! messagères évocatrices des paternelles dilections !
(A toute volée les cloches tintent encore, puis leurs harmonies sonores se dissolvent en volutes et s'éteignent.)
Nos hérauts, pour la dernière fois, feront retentir le cuivre des clairons ; pour la dernière fois, car il est bon que même ces voix cessent d'être ouïes.
(Les hérauts embouchent la trompette et clament.)
Triomphe et gloire de nos vœux accomplis.
Nous les avons vaincus les geôliers des spasmes francs ; les détenteurs des impavides ivresses, et maintenant nous n'entendrons plus leurs chansons spoliatrices du réel. Disparus, ceux qui connaissaient les philtres de désespoir, ceux qui créèrent les intangibles fantômes et les dieux d'effroi, cruels pour la chair. Disparus, ceux qui polluèrent l'Amour, et de l'étreinte, délice unique, seule réalité, firent la souffrance de l'impossible et menteur désir. (Il se tourne vers les vieillards). Vous avez connu les terreurs du rêve, nous en avons su l'indifférence, nos enfants en auront l'oubli.
Amantes éternelles, pures formes qui m'êtes jadis apparues dans l'aube initiale, libérez-moi et libérez-le, lui qui souffre et agonise !
Les enfants que tu conçus, les aèdes et les pieux à qui tu départis ton âme, sont l'obstacle à tes vœux. La mort seule peut délier la trame.
La Mort accourt, ses ailes claires emplissent l'espace, elle porte le dictame, le dictame de vie.
Sœur pastorale, j'aperçois ta lumière. Les voix m'appellent vers le réel !
La Mort libère ! Voici la Mort, fille de Dieu !
(Sur la place un second messager accourt, gravit les marches de l'estrade et parle au Dux, dont le visage rayonne.)
L'œuvre s'accomplit, la race maudite s'enfonce dans la ténèbre, la race nouvelle et tant attendue naît au jour : la race des hommes délivrés du songe. Peuple, salue les libérateurs.
La vie libère, la vie que l'on sait vivre, la vie que la Mort ne vaincra pas.
(Un cortège s'avance, il suit une femme qui présente à la foule deux enfants. Les cris d'enthousiasme éclatent, ils se répercutent jusqu'au plus lointain des horizons, et ils s'aggravent en tempête quand le Dux saisissant les enfants et les tendant vers les cieux, le peuple tout entier les voit : ce sont deux singes. Les vieillards se lèvent en tumulte et se précipitent.)
Voici le Salut ! Heureux nos yeux éteints et qui peuvent désormais se clore ! Voici le Salut !
Voici le Salut ! Alleluiah !
(Les murs de la maison où agonise l'hiérophante se disjoignent, il voit l'apothéose et se dresse hagard.)
La Nuit, la Nuit souveraine a conquis leurs âmes !
Ils meurent à jamais et ils croient renaître ! les voiles autour d'eux s'épaississent et ils croient voir la lumière ! ils sombrent au néant et ils croient toucher au bonheur ! Ils abandonnent la voie royale, ils chassent loin d'eux les essences guérisseuses et douces, ils naissent pour la douleur et pour la peur farouche. Le geste tendu de nos mains se retire d'eux. Et vous, les bien-aimés ! venez vers les gloires infaillibles !
Viens, mon fils !
Vous renoncez les formes transitoires et basses, vous êtes affranchis de la terre abjecte. L'heure des délivrances a sonné. La vie bienheureuse est proche. Alleluiah ! l'Heure est venue ! Alleluiah !
(Le Poète-Roi descend, suivi des chœurs divins, précédé des rousses abeilles messagères ; l'hiérophante tend les mains vers la cohorte, et la Mort parait, virginale et belle, ceinte de myrtes.
Voici le Jour ! (Il meurt.)
(A ce moment, un héraut sur la place jette une torche sur la maison de l'hiérophante, et la flamme dévastatrice consume les œuvres préservées par la piété du dernier servant.)
Vers notre Père, nous remontons ; vers l'Absolu, vers la Lumière, vers l'Incréé, nous incréées. Captives aux maisons de détresse, nous échappons des mains ennemies.
Venez à moi, mes filles souveraines !
Venez à moi, ô mères de douceur !
Nos sœurs perdues, venez à nous !
Allons vers Lui !
Bernard Lazare.