Tambourins

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Jean Court, « Tambourins », Mercure de France, t. I, n° 6, juin 1890, p. 201-202.


TAMBOURINS



I. — Les Étoiles


Pour Pauline



Les étoiles de diamant
Fleurissent dans le soir mystique,
Où la lune, pâle Extatique,
Promène on ne sait quel tourment.

Un infini frissonnement
S'exalte en solennel cantique
Jusqu'aux astres de diamant
Qui fleurissent le soir mystique.

Et les Amants fols et charmants,
Ivres de futiles serments,
S'enlacent sous les verts portiques,
Car dans le mol enchantement
Du soir tissé de bleus mystiques,
Les étoiles de diamant
Fleurissent au cœur des Amants.


II. — Nocturne


Pour Médéric



Les Poulpiquets et les Wilis
Vont danser la danse des Âmes ;
Déjà courent d'étranges flammes
Sur l'étang vert aux verts surplis.

Foulant amaryllis et lys
Pour célébrer leurs rits infâmes,
Les Poulpiquets et les Wilis
Vont danser la danse des Âmes.

Mais à l'heure où les cieux pâlis
Arboreront leurs oriflammes,
Des rais vengeurs, tels que des lames,
Massacreront dans les taillis
Les Poulpiquets et les Wilis.


III. — La Neige


Pour Francillon



C'est la neige blanche — Oh ! la neige !
Qui valse en l'aube virginale,
Docile aux conseils des rafales
Qui la mènent en durs chorèges.

Par les frissons d'un lent arpège
De lumières, la nuit exhale
Son âme torse et sépulcrale.
C'est la neige blanche — Oh ! la neige !
Qui valse en l'aube virginale.

Mais sur les villes sacrilèges,
Pour le pardon des Saturnales,
Quels doigts, Rose Dominicale,
T'effeuillent pétale à pétale ?...
C'est la neige blanche — Oh ! la neige !

Jean Court

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