Braconnage

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Alfred Vallette, « Braconnage », Mercure de France, t. II, n° 14, fevrier 1891, p. 85-92.


BRACONNAGE


A Paul Margueritte.

I

Le père Birette, assis au coin de la cheminée haute, d'un geste bref commanda l'attention à son fils, immobile comme lui près du foyer, et il tendit l'oreille, les paupières battantes, tirant par plus grosses bouffées la fumée de son noir brûle-gueule. Les pas se rapprochaient dans la rue paisible, des pas réguliers d'homme habitué à la marche, chaussé de souliers à clous qui crissaient sur les pierres : le rural ? le garde-champêtre ? un compagnon sur le trimar ? — Quelqu'un enfin rasa la maison et son ombre glissa dans le chiffon de mousseline pendu devant la fenêtre. Le vieux proféra, braquant sur Firmin ses petits yeux gris de paysan madré :
 — C'est-i pas l'Chaouin, que v'là ?
 Firmin, trapu, carré d'épaules, quitta son tabouret dépaillé en grattant sa tignasse queue-de-bœuf, et, traversant d'un pied lourd qui s'empressait la pièce au sol de terre battue, colla aux vitres sa face ronde, salie de taches rousses et du poil follet de ses vingt ans. Mais l'homme était trop loin déjà pour qu'il le vit ainsi; il entrouvrit la fenêtre, et prudemment se risqua. Il répondit :
 — Si-da, c'est l'Chaouin.
 Il vint se rasseoir. Le père frottait de sa main aduste la barbe en brosse de son menton ; il réfléchissait, irrésolu, les sourcils joints et l'œil dans Pâtre, où descendait, léchée par les flammes d'une bourrée, la crémaillère moutonnante de suie. Et dans le silence crépitaient les brindilles éclatant au feu, tandis que le long balancier de l'horloge, accotée à la vieille armoire et semblant un cercueil dressé, rythmait un lent déclic. Birette cessa de frotter sa barbe, et, ôtant la pipe de ses lèvres, ordonna :
 — Vois donc voir ed qu'eu côté qu'i va, l' Chaouin.
 Puis, ayant craché dans le feu et après s'être essuyé avec sa manche en regardant l'horloge, qui marquait midi vingt-cinq, il ajouta :
 — J' pourrions p't-èt'e ben aller faire eune tournée là-bas.
 Le gars disparaissait derrière la chaumine ; il grimpa vivement l'échelle du grenier, et, par le losange découpé dans la porte d'une lucarne ouvrant sur la campagne, il explora la route et les champs, une main en auvent au-dessus des yeux. Rien ! Où qu'il était passé, donc, l'sale cafard ?... Mais, entrebâillant le vantail de la lucarne, il aperçut son homme dans la Grand'Rue, qui formait une courbe, juste comme il sortait de la boutique à Pigaut, le buraliste. Il se dissimula, et, le cou allongé, ne perdit plus du regard le vieux garde champêtre Chapu, dit « le Chaouin » à cause de ses orbites rondes et de son nez en bec d'oiseau, qui lui donnaient un air de chat-huant.
 Le bonhomme, en blouse courte, cerclé d'un large ceinturon, le fusil sous le bras et le carnier au dos, allait son pas cadencé d'ancien pioupiou. Il longeait maintenant la corderie du père Mathieu, la dernière maison de Fernolles. — C'était-i à Bargy ou à Campoint, qu'i se rendait ?... Il tint un moment la route nationale, s'arrêta, hésita, puis s'orienta vers les bois de Campoint, à travers champs. Quelques minutes encore Firmin demeura au poste, pour être bien sûr, et il descendit retrouver son père, qui déclara :
 — C'est ben c' que faut... Va dire à ta mère que j'nous en vons.
 Et le gars fila au jardin prévenir sa mère, pendant que le vieux, derrière la maie qu'il déplaça, enlevait du mur une forte pierre bouchant la cachette aux engins de chasse. Il en choisit quelques-uns, parmi lesquels un long pistolet qu'il avait monté, afin de pouvoir épauler et tirer ainsi avec plus de précision, sur une grossière crosse en bois blanc, et il introduisit l'arme dans sa culotte.
 Firmin rentra. Ils partirent.


II


 Ils prirent une ruelle aboutissant à la corderie, où le père Mathieu travaillait, tout vieux, tout maigre, tout cassé. Pendant que là-bas, dans une maisonnette en planches, un gamin tournait la roue, lui, marchant à reculons, laissait couler entre ses doigts experts un peu du chanvre qui lui ceignait la taille, aussitôt changé en une ficelle égale roulant sur des râteaux fichés de distance en distance. Il dit aux Birette :
 — Vous v'là donc en promenade ?
 — Oui, répondit le père, j'vons voir un peu.
 Mathieu cligna significativement de l'œil vers Campoint,
où il avait vu se diriger le garde, et souligna :
 — Oh ! i doit faire bon à Bargy, a c't'heure.
 Le vieux Birette eut un sourire malin. Le cordier reprit :
 — Tout de même, on tire par là-bas... C'est ben sûr l'Duterrois, qu' j'ons vu passer à c' matin avec eun autre
. Un faible haussement d'épaules du braconnier notifia son indifférence sur ce point, et il emmena son fils.
 Ils suivirent, à gauche de la grande route, un étroit sentier qui courait au milieu des terres jusqu'aux bois de Bargy, dont la masse rouillée se détachait à l'horizon gris de cette journée d'hiver. Les bois de Campoint s'estompaient dans l'éloignement, à droite de la route. Une légère bise soufflait, continue, cuisante aux oreilles ; des nuées de corbeaux tournoyaient en croassant par la campagne déserte, s'abattaient sur les sillons emblavés ; et parfois, d'un pommier indicateur de tenants, s'échappait daus un froufrou une volée de criquets piaillards.
 Les Birette, avant de pénétrer daus le bois, examinèrent des collets sur une bande de terrain en jachère qui le margeait, et ils levèrent un lapin. Le gars le fourra entre la chemise et la peau, sur son estomac. Mais ils aperçurent, très loin sur la route, deux gendarmes à cheval revenant d'une tournée : ils s'éclipsèrent derrière les arbres, et le vieux ricana, les désignant d'un hochement de tête :
 — J'ons ben fait d'sortir à c' tantôt : j' s'rons tranquilles jusqu'à c' soir.
 ll apprêta son pistolet et l'insinua tout armé sous sa blouse, puis ils commencèrent leur battue, stationnant de place en place aux petits colliers de laiton retenus par un bout de bois planté dans le sol. Ils allaient déboucher dans le Rond-aux-Moines quand un lièvre, traversant la clairière, piqua droit sur eux. Birette ajusta sans hâte, laissa la bête approcher, tira presque à bout portant. Le lièvre fit une culbute, retomba de tout son long, la tête criblée. Firmin s'élança et rapporta la pièce. Le père souriait, content de soi :
 — V'là un beau ieuve... ah ! v'là un beau ieuve.
 Et ensemble ils admiraient la prise. Deux coups de fusil détonèrent de l'autre côté du Rond-aux-Moines. Les paysans se mirent à plat ventre dans le fourré.
 Deux chasseurs parurent dans la clairière. Le vieux Birette, appuyé sur les paumes et la tête dressée, rapetissant les yeux pour mieux voir, les épiait à travers le lacis des branches, inquiet surtout de leur direction probable : ils s'assirent sur un gros tronc abattu. Il eut alors la jonction de sourcils de ses réflexions sérieuses, et, se levant tout à coup, murmura :
 — Passe-moi l'ieuve, et bouge point !
 Il abandonna Firmin à son anxiété peureuse et sortit du bois, tenant la bête par les oreilles. Son crasseux feutre gris à la main, l'attitude humble, il aborda les messieurs :
 — Bonjou, mossieu Duterrois... C'est-i point vous qu'avez tiré ?
 — Mais... si, c'est moi.
 — Alors, v'là donc c' que vous avez tué... Alle est venu mouri dans mes jambes, c't animal !
 Et le braconnier, l'œil drôle, tendait le lièvre, que les chiens flairaient. M. Duterrois, un gros homme de bonne figure, à favoris blond roux, s'efforçait vainement à débrouiller la situation. Il avait bien tiré en effet, mais un faisan, d'ailleurs manqué. Il surprit soudain le regard malicieux et le sourire finaud du bonhomme, et il eut beaucoup de peine à ne pas rire en affirmant :
 — Mais oui, c'est mon lièvre... ah ! il est allé mourir à vos pieds ?
 Il prit la bête, et, en manière de pourboire, gratifia discrètement d'une pièce de cent sous le « brave père », qui se confondit en remerciements avec une suite de petite saluts gauches, et se retira.
 Le compagnon de M. Duterrois, un jeune homme à moustache brune, soupira, l'air parfaitement ahuri :
 — Comprends pas!
 — Ce n'est pas étonnant, dit le chasseur égayé, mais vous allez comprendre.
 Et, lorsqu'ils furent de nouveau sous bois, il l'instruisit. — En temps de fermeture, il lui arrivait d'acheter, par toutes sortes de moyens subreptices, du gibier à un utile gredin qui en faisait à la ville le trafic illicite, et dont ce vieux chenapan de Birette, l'homme de tout à l'heure, déjà condamné nombre de fois pour délits de chasse, était l'un des fournisseurs. Or...
  — Mais, interrompit le jeune homme amusé, c'est très grave, ça, pour vous!
  — Je crois bien ! fit M. Duterrois avec bonhomie. Mais, que voulez-vous, la chair est faible! D'ailleurs, je vous l'ai dit, je prends des précautions, et il n'y a pas de danger réel... Cependant, ce Birette a su, j'ignore comment, que je suis un des bons clients de son compère, et si bien que lorsqu'il lui apporte une belle pièce il spécifie que c'est pour moi, espérant peut-être par là...
 Le jeune homme, riait fort réjoui de l'aventure.
 — Vous saisissez maintenant la finasserie du bonhomme pour me vendre directement son lièvre ?... Car c'est le coup de fusil que nous avons entendu ! Oh, il est adroit, le vieux renard !... Mais, n'est-ce pas que c'est piquant : moi le complice d'un braconnier ?...


 Les paysans gagnaient la lisière sud du bois, où ils avaient disposé une douzaine de collets. Ils allaient à grands pas lents, l'ouïe aux écoutes, évitant les feuilles mortes qui bruissaient sous le pied et haltant à sa moindre alerte. Le père se félicitait de la bonne journée. Il avait noué la pièce d'argent dans une corne de son mouchoir, et de temps à autre il la tâtait à travers l'étoffe de son pantalon, ou même la palpait dans sa poche.
 Un peu avant d'atteindre le bord du bois, il avança seul. Se baissant, recroquevillé, avec prudence, il regarda le long des arbres en rive, à droite, à gauche, puis sonda la plaine. Personne. Mais, à vingt pas, deux perdrix s'élevèrent du guéret. Il tira trop vite, fit chou blanc. Il eut un clappement de langue dépité :
 — Ça, c'est pas fort.
 Ils restèrent sous bois pour visiter leurs engins, semés en bordure parmi les herbes et le fouillis des ronces. Autour d'un collet s'éparpillaient des touffes de poils et des crottes. Firmin s'exclama :
 — Ah! garce ! J'sons volés !... C'est au moins l'Maillard !
 Le vieux opina qu'en effet ce devait être Maillard ou un autre braconnier, car un garde ou un passant eût emporté le collet avec le lapin, et le mince nœud coulant de laiton avait été retendu par une main exercée. Ils achevèrent sans succès leur inspection. Firmin alors proposa :
 — Si j'allions au Trou ?
 — L'Trou... l'Trou... C'est core loin d'ici... Pis c'est ben près de Campoint.
 Il se décida quand même.
 Dans le vivant silence des bois, ils marchaient sans parole, constamment aux aguets. Des brindilles mortes s'écrasaient sous leurs pieds, crépitaient faiblement, on cassaient avec un sec « clac » ; et là-haut, dans les cimes dégarnies, les branchettes cliquetaient sous le vent. A un bruit éloigné, indéfinissable, ils s'arrêtèrent, la respiration suspendue. Birette appliqua son oreille au sol; il se releva presque aussitôt.
 — C'est rien... Eune carriole su la route.
 Cependant, au fur et à mesure, le terrain s'abaissait en une pente assez roide, le bois était plus touffu, plus difficile, et déjà il leur fallait écarter de la main les arbrisseaux et les surgeons. Puis le travers-bois devint impraticable, et ils joignirent un chemin connu, sinueux ruban qui dévalait, assombri, sous une voûte de branchailles, et où les pas s'étouffaient dans la terre molle. D'ailleurs, ils arrivaient : à trente mètres le raidillon aboutissait au Trou, petite éclaircie au milieu de fourrés inextricables. Là encore le père approcha seul, à pas de loup, s'effaçant et le pistolet tout prêt, distinguant déjà des lapins qui s'ébattaient le long des broussailles dans l'exiguë clairière. Il épaula, prit son temps, fit feu. Et comme il se retournait pour appeler son fils, Firmin aussi se retournait, sentant quelqu'un derrière lui.
 — Cré bon diou de bon diousse ! jura le vieux, j'sons pincés.
 Le Chaouin criait au gars :
 — Si tu bouges, je tire !
 Rentrant par Campoint, il avait perçu dans le fourré un frôlement, et il guignait les Birette depuis qu'ils avaient rallié la sente. Il amena le fils, qui tremblait un peu, auprès du père immobile et mâchonnant une enfilade de « cré bon diou de bon diousse ». Il s'empara du lapin que Firmin troublé lui avoua cacher sous sa blouse, alla ramasser les deux autres qui gisaient, tués du même coup, dans la clairière, et confisqua le pistolet, que son propriétaire fut contraint de chercher parmi les épines où il l'avait jeté. Puis, séance tenante, il griffonna un brouillon de procès-verbal, dans la forme invariable qu'il avait adoptée : « Nous, garde champêtre de Fernolles, canton dudit, revêtu de tous nos insignes, dont notre plaque, etc. » Après quoi, les Birette ayant une maison et du bien foncier dans le pays, il poursuivit son chemin sans plus s'occuper d'eux.
 Ils s'en revinrent par la grande route. Le fils, pour la première fois en présence de la justice, était impressionné. Le père, soucieux, contractait sa figure en une grimace comique, secouait par instants la tête et sacrait, vouant à tous les diables « l' sale Chaouin ». Mais il se rappela sa pièce de cent sous, et, déridé une minute, il frappa sur sa poche d'un air de défi :
 — N'en v'là toujou eune qu'is auront point, les voleurs !

III

 Devant le palais de justice, Firmin eut une épreinte de peur. Le vieux était simplement contrarié de la promenade obligatoire, et, d'un ton convaincant, faisait ses dernières recommandations :
 — Surtout, dis rien... Laisse-les dire, et dis rien... A leu t'ni tête, on n'y gagne point... T'entends, mon fi ?  Ils se rendirent tout droit à la chambre correctionnelle, dont Birette savait le chemin. Le Tribunal ne siégeait pas encore, et seul le commis-greffier, petit bonhomme de physionomie chafouine, attendait derrière sa table en contrebas. Un jeune avocat et un huissier en robes se gaudissaient, accoudés sur le haut calorifère dressé au milieu du prétoire. De temps à autre s'entrouvrait, pour le passage des gens, la grande porte à deux vantaux verts, cloutés de cuivre, dont on entendait la retombée assourdie. Il y avait peu de monde, et on causait par groupes. Le Chaouin parut, l'allure délibérée, la plaque luisante sur une blouse neuve. Il alla tout de suite au banc des témoins, où bayait un autre garde de ses amis, et les deux vieilles barbes entamèrent une bavette. Soudain, une voix annonça :
 — Le Tribunal !
 Les chuchotements cessèrent. On se découvrit. Firmin, point rassuré, regardait en dessous les magistrats qui s'asseyaient, l'air digne. Et il y en avait un qu'il croyait reconnaître, celui du milieu. Il s'enquit tout bas  :
 — C'est-i point l'Duterrois, c'ti-là ?
 — Si-da, c'est ben lui, fît le vieux; mais va pas rien dire : j'en pâtirions.  On jugea un cas d'outrage à la morale publique, un délit de pêche, puis trois gamins qui avaient brisé à coups de pierres des cloches dans un jardin. Cela dura deux heures, à cause du bavardage d'un avocat. On appela ensuite l'affaire Birette. Les formalités remplies, ils se placèrent au banc des prévenus, et Firmin en éprouvait une certaine honte. M. Duterrois, après les questions d'usage sur les noms,prénoms,qualités,commença,grave :
 — Vous voici de nouveau en correctionnelle, toujours pour le même délit...  Et il passa aux antécédents du vieux Birette, qui, sachant sa loi sur la récidive en la matière, fit observer  :
 — Mais, mossieu le juge, j'ons point core été pris à c't'année.  On rit dans l'auditoire, et l'assesseur de gauche pinça les lèvres pour qu'on ne le vît pas sourire.  
Cependant, l'interrogatoire exaspérait Firmin, dont une indignation chassait la peur : — D'quoi qu'i s'mêlait, c'ti-là, pisqu'i mangeait les ieuves qu'son père l'i vendait ? ... Il se trémoussait sur le banc, et, sans les coups de coude réprimeurs et les « dis rien, dis rien, bon diou! » du vieux, il se fût soulagé en lui disant son fait, au Duterrois. Il fut interrogé à son tour, paternellement admonesté, engagé à rentrer dans la bonne voie. Il répondait sourdement, avec un air de bouledogue qui voudrait bien mordre. Enfin, Chapu ouï, et après quelques mots du ministère public requérant une peine exemplaire, le président fit de suite, les accusés n'ayant point d'avocat, la demande accoutumée  :
 — Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense?
Le père répondit tranquillement :
 — J'ons ben rien à dire du tout, si c'est que j'ons point été pris à c't'année.
 M. Duterrois se pencha, la main devant la bouche, vers l'assesseur de droite, vers l'autre ensuite, et, ayant recueilli leur avis, prononça les peines : pour le père Birette, un mois de prison et cinquante francs d'amende, la contrainte par corps étant de huit jours en cas de non paiement d'icelle; et quinze francs d'amende pour Firmin.
 Les paysans se retirèrent. Le vieux ne se plaignait pas trop, calculant avec philosophie que, l'injonction devant être prochaine d'avoir à se constituer à la maison d'arrêt pour purger son mois, il serait libre à l'époque des travaux de la terre; il regrettait seulement son pistolet, à songer qu'il en faudrait acheter un autre. Firmin rageait ; il s'écria daus la rue  :
 — Cré bon diou !... Pas avoir pu i dire c'que j'pensions, à c'te carne-là ! Sur quoi le père s'emporta  :
 — Qué qu'tu i aurais dit, bougre d'colas?
 Et longuement il essaya de lui faire comprendre que M. Duterrois faisait son métier, « c't homme » ; que cela n'eût servi à rien de lui dire des choses désagréables. Il conclut :
 — J'aurions été condamnés p'us fort, et pis v'là tout!... Et pis, non, v'là pas tout : j'aurions p'us pu i vend'e nos ieuves, après!  Ils ne parlèrent plus tant qu'ils furent en ville. Mais, une fois sur la route de Fernolles, Birette, radouci, articula  :
 — Tout ça, ça fait rien... Fau'ra tout d'même que j'allions faire un tour à Bargy à c'soir ou demain : doit y avoir du nouveau...Seurement, j'pren'rons ben garde, c'te fois.

Février 1887.

Alfred Vallette.

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