Journaux et Revues octobre 1892

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Hermès, « Journaux et Revues  », Mercure de France, t. VI, n° 34, octobre 1892, p. 178-179.


elles débutent par un bien mauvais vers : « Qu'est-ce que la chanson! La chanson c'est la vie... » D'autres valent mieux, sans jamais toutefois atteindre a l'art.

A. V.


 L'Apostolat Positiviste au Brésil, dixième circulaire annuelle adressée aux coopérateurs du subside positiviste brésilien, par Miguel Lemos, Rio-de-Janeiro, 30, rue Benjamin Constant, — Gloria). — Brochure dont le seul énoncé du titre dit l'importance et l'intérêt.

Z.


 Dicts et Symboles, premières poésies, par Gaston le Poil (Vanier). — II y a un peu de tout dans la minuscule plaquette de M. Gaston le Poil: une dédicace à E. Faguet; un A-propos dit au banquet dela Saint-Charlemagnc ; un Prologue pour nue représentation artistique et littéraire; des chansons, des monologues, des calembours faciles et du mauvais français. Il n'y manque que des vers.

J. C.


 (1) Aux prochaines livraisons : Le Premier Livre Pastoral (Maurice du Plessys); Rimes et Rhythmes (Lagodey); Le Cyclisme théorique et pratique (L. Baudry de Saunier); Eveil d'Amour (Henry de Braisne); Poésies et Poésies nouvelles, 3 vol. (Catulle Mendès); Les Miens : Villiers de l'Isle-Adam (Stéphane Mallarmé); Nudo! (Giuseppe Gramegna); La Revenue (Marius André); Le Salut par les Juifs (Léon Bloy); Le Latin Mystique (Remy de Gourmout); Nieve (Julian del Casal)


JOURNAUX ET REVUES


 Le défaut d'espace nous empêcha, le mois dernier, de signaler (il fallait plus qu'une mention) l'étude que donna Marcel Schwob à la Revue des Deux Mondes, François Villon, d'après des documents nouveaux. Moins nouveaux, ces documents, que nouvellement combinés, mais sagacement confrontés les uns avec les autres jusqu'à ce que jaillisse l'identité et la véracité de faits et de gestes jusqu'alors pas clairs. Cette notice semble définitive, au moins tant que telle inattendue poussière d'archives n'aura pas été remuée, — et c'est vraiment agréable de lire un tel travail, après qu'un incompétent, sous la tutelle d'un plus incompétent encore, nous infligeait à ce propos (a la portée de peu) une dissertation de vaudevilliste sentimental (qui fut malmenée ici même). Dans la présente étude, il faudrait le savoir spécial de M. Longnon, peut-être, ou de M. Byvanck, pour relever telle hypothèse simplement vraisemblable, mais pas tout à fait vérifiée; du moins certaines appréciations déroutent, et Villon fut-il si foncièrement que cela « petit, faible, lâche » — et eut-il tant « l'art du mensonge », le poète qui semble, en son œuvre, si crûment passionnel ? Les faits disent oui, mais les faits, eux aussi, « ont l'art du mensonge. » Enfin, cela paraît assuré et cela nous donne un Villon pervers, habile a l'attitude, chef de bande, qui fait marcher ses compagnons sans marcher lui-même, retors et adroit à fondre aux mains du prévôt, heureux aussi, car logiquement la potence avait des droits sur lui.
 C'est grâce à l'étude du milieu, des entours, que Marcel Schwob a pu redessiner ce curieux Villon; aussi son article est tout un tableau des mœurs au xve siècle; mœurs des Parisiens, des provinciaux, des goliards vagabonds, des écumeurs enfin, ces compagnons de la Coquille auxquels Villon s'affilia. Comme l'auteur nous le fait avec raison remarquer, cette biographie « permet de juger plus sérieusement l'homme à côté de son oeuvre »; elle est même plus que suffisante. — elle est.

Hermès.


 Une discussion courtoise entre gens de lettres, des écrivains qui veulent bien se donner la peine de comprendre l'adversaire et le réfuter au lieu de l'injurier, le fait vaut qu'on le note. M. Brunetière détourne ses lecteurs d'apporter leur obole pour l'érection d'un monument à Baudelaire. Pourquoi? M. Brunetière, écrit M. Charles Morice dans le Parti National (13 septembre), « a pris un parti dans la vie spirituelle, et selon le mot de Diderot « il y reste attaché ». C'est là sa force. — Hélas, c'est aussi sa faiblesse. Pour ne pas se contredire, M. Brunetière s'entête; c'est la crainte de se tromper qui lui fait commettre ses pires erreurs. Il a des principes qui donnent à sa vie intérieure une forte unité, mais qui la resserrent et la restreignent étrangement. Ses préoccupations de moraliste ont toujours gêné en lui et, à la longue, ont dépravé le littérateur, l'artiste soucieux — d'abord ! — de beauté. Comme il est sûr de ses principes, il réprouve tout ce qui ne s'harmonise pas avec eux : par malheur, il les consulte souvent hors de cause et il arrive que ce juge sévère condamne, alors que « l'espèce » n'est pas de son ressort. C'est pourquoi il est rarement d'accord avec les poètes : à l'ordinaire nous aimons ailleurs, lui et nous, et sa violente attaque contre Baudelaire — fût-elle la première — et c'est une récidive — n'était pas pour nous surprendre. »
 D'autre part, M. Georges Rodenbach, dans le Figaro du 6 septembre, trace ce petit portrait de M. Brunetière : « Son style est austère, protestant. Sa parole aussi, incisive et froide comme un glaçon. Et des yeux qui ont l'air inexorables derrière le givre du lorgnon ! Et le minimum de gestes ! Pas d'ornements pour dire sa pensée. Pas d'ornements non plus autour de lui. Il faut le voir dans ce petit cabinet de travail de la Revue des Deux Mondes où il passe sa vie, vide et froid, avec sur le mur un papier de tenture vert, d'une couleur exaspérante, un casier aux cartons verts, une pauvre lampe avec abat-jour vert. Tout est vert, d'un vert de prairie, acide et implacable, d'un vert nu, sans tableau ni une gravure piquée, ni rien ! Cela aussi prouve combien les idées seules intéressent M. Brunetière; combien l'esthétique dans la vie lui est aussi indifférente que l'esthétique dans les livres. La Beauté ne lui importe pas, mais le texte. Encore une fois, c'est un protestant. »
 Dernière heure. — M. Brunetière déclare dans le Figaro (20 septembre) que son cabinet de travail n'est point vert... Mais il persiste à dénoncer : Une Charogne, de Baudelaire,

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