Les Livres, Choses d’Art, Echos divers mars 1891

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Mercvre, « Les Livres, Choses d’Art, Echos divers », Mercure de France, t. II, n° 15, mars 1891, p. 184-192.




LES LIVRES (I)

 la vie grise : Le Vierge, par Alfred Vallette (Tresse et Stock). — V. page 167.


 Le Curé d'Anchelles, par Georges de Peyrebrune (Dentu). — En lisant le Curé d'Anchelles, on se croirait en train de rêver devant l'un de ces beaux paysages peints selon la méthode du grand siècle pour des chambres à coucher de rois sévères ou des boudoirs de princesses vertueuses; et on ressent, au cours de cette rêverie de luxe, un plaisir secret qui peut aller, ma foi. jusqu'à l'attendrissement. Le roman ne sort-il pas de la légende héroïque ou des contes de fées? Considérer le roman comme un décor ayant le devoir d'offrir à un public généralement vil le spectacle de cette féerique richesse qu'on appelle la vertu, rien de plus fou... mais aussi rien de plus noble. Le Curé d'Anchelles est un prêtre chaste. Il aime une femme chaste et finit par se faire tuer à la place du fils de cette femme en un jour de guerre. Religion, amour, maternité, patriotisme, tout est sans défaillance daus ce livre exceptionnel, d'ailleurs d'une sereine beauté classique. Et pourquoi pas ? Ces ouvrages-là sont de plus en plus rares, ils ont leurs amateurs enthousiastes. Je ne parle pas ici de la morale banalement étalée pour les foules, mais d'une morale bien sortie, où l'artiste, sans parti pris, peut découvrir la phrase élégante et le mot génial. Ils me font l'effet de ces bijoux longtemps gardés au fond d'un écrin ducal, tout à coup exposés dans la vitrine d'un musée, rendus publics et devenant presque scandaleux à force d'éclat. S'ensuit-il que nous ayons motif de sourire? Certes, il existe des âmes précieuses comme des bijoux ; nous ne pouvons nier les actions dites telles, les amours sentimentaux: alors je ne comprendrais point qu'on eût envie de railler la très noble folie qui transparaît dans le rassemblement en tas de toutes ces choses admirables.


 Si les très pures mains de Georges de Peyrebrune, en croyant fouiller des chairs humaines, élèvent des statues de Paros, elles ont peut-être bien raison : le marbre n'est-il pas impérissable?

***


 La Sanglante Ironie, par Rachilde. — préface de Camille Lemonnier (2) (L. Genonceaux). — En un récent article de la Cronaca d'Arte, parlant d'un roman par une femme, M. Ugo Valcarenghi reprochait à l'auteur de n'avoir pas posé de dièse, en d'autres termes de n'avoir pas bien su ce qu'il voulait faire, d'avoir eu cet unique but, écrire un nombre moyen de pages. Au contraire Rachilde en a, des thèses ; elle en a plein la tête, et ce livre en développe plusieurs: 1° qu'un assassinat simple et propre n'est pas sans beauté ; 2° que la mort doit être aimée absolument, étant l'Absolue. Voilà deux bons piliers pour soutenir un roman et assez solidement ironiques pour le prémunir de toute chute dans le banal. Tendant à supprimer une laideur avérée, excessive, le meurtre ne doit pas déplaire : il peut même acquérir une valeur morale ou esthétique. Il y eut un jadis où tout homme vivait sous la perpétuelle menace d'être tué : cela donnait aux actes un intérêt, aux acteurs une responsabilité que l'ordre social leur a enlevés. Un homme qui par son caractère et ses gestes nous reporte en ces temps (tel l'Homme de la Sanglante Ironie) est donc fait pour intéresser comme tranchant violemment sur nos mœurs de prudence et de peur. La seconde thèse, que met en images un épisode vers la fin du tome (un épisode, il nous a semblé, de poignante amertume), est plus discutable et même niable, la mort n'existant pas par elle-même, n'étant qu'une simple négation (1 — 1 = 0). Puis en ce goût de la mort, je vois moins de logique et de goût réel que d'exaspération et de coquetterie, d'aberration un peu perverse, en même temps un peu simpliste : c'est un Désir qui, en route pour l'Au-delà, s'embourbe et se réjouit de s'être embourbé. A l'ensemble du livre, on reprocherait de ne pas donner tout ce que promet l'introduction, s'il n'était évident que l'auteur, puisant pour une partie en les souvenirs d'enfance et d'adolescence, n'a pas voulu, même en vue de démonstrations, faire trop fléchir la véracité autobiographique. Il y a, çà et là, des coins de paysage vus et mieux sentis, beaucoup de pittoresque, du tragique, des évocations visibles et tangibles de créatures humaines ou animales, — dans une langue qui, sans recherches d'art, a néanmoins de l'indépendance et une saveur personnelle.

R. G.


 Le Songe d'une nuit d'hiver, par Gaston et Jules Couturat (Savine). — Accueilli comme une originale tentative de fantastique ironiquement nouveau, ce poème, destiné cette fois à un nombre moins restreint de lecteurs, se peut avec plaisir reprendre. Sans nulle concession à ce qui d'ordinaire amuse, il séduit par une remarquable virtuosité, de curieuses métamorphoses pas banales, un rythme varié par de hardies brisures, une fantaisie qui va jusqu'à l'audace, l'inattendu d'un esprit très primesautier dont le vers n'étrangle nullement les caprices : c'est, d'un mot qu'il faut répéter, de l'inattendu, — et on nous en fait si rarement, des surprises ! Mais que pensa de ces belles folies le sage. — de cette prodigalité, l'économe, — de cette exubérance, le discret, — de ces provocations, le prudent M. Bourget, à qui fut dédié le lunatique poème?

R. G.


 Le Magot de l'oncle Cyrille, par Léo Trézenik (Charpentier.) - Léo Trézenik est un des rares écrivains qui s'occupe encore de la province dans ses romans, non pour y faire se passer des choses qu'on n'ira point vérifier, mais pour en extraire de jolis tableaux simplets et apportant avec eux un parfum de lavande... ou le vinaigre domine! Le Magot de l'oncle Cyrille est l'histoire d'un philosophe campagnard qui laisse pleuvoir ses rentes sur une vieille futaille autour de laquelle s'assemble un tas de flaireurs de testament. A signaler un bijou de satire aigre-douce, la biographie de la crème à la laurière, dite crème économique. Ce souvenir de cuisine aiguë, où l'empoisonnement remplace la vanille, me ravit, en esprit, jusqu'au septième ciel familial!... Le Magot de l'oncle Cyrille est, somme toute, un bon roman de mœurs, piqué de ci de là de très cruelles observatious sur les mesquineries des pingres de petite ville. Pour l'écrire, l'auteur a dû souffrir un certain temps parmi eux... et peut-être, il est de ces mystères chez les auteurs acerbes, comme l'oncle Cyrille a-t-il vidé là-bas, en quelque trou profond, tous les trésors de son cœur. J'estime que la province est capable de tout... même d'enfieller les meilleurs esprits, après avoir, sournoisement, devant eux, empoisonné la crème!...

***


 Les Quatre Faces, par Bernard Lazare (Edition des Entretiens Politiques et Littéraires.) — Après cette démonstration que le Poète est fatalement voué aux sarcasmes et aux injures de ses contemporains, tout au moins à leur indifférence, M. Bernard Lazare conclut que les poètes dont le nom est su du vulgaire « acquirent ce los banal par les côtés d'eux-mêmes qui furent le plus étrangers à l'art ». Et il choisit quatre noms fameux : Théodore de Banville, François Coppée, Armand Silvestre, Catulle Mendès, qui doivent leur renommée à ce qu'ils représentent chacun une des quatre faces « de l'âme vile de la foule ». Juste, mais sévère — et si dur! Non pas, d'ailleurs, que M. Bernard Lazare enfreigne certaines convenances trop dédaignées aujourd'hui de la critique; mais nulle part un rien de cette tendresse que, presque tous, nous gardons aux quatre poètes nommés, précisément parce qu'ils « détinrent, au moins une minute de leur existence, le don du Verbe ».

A. V.


Les Pommiers en fleur, par Emile Blémont (Charpentier). — II y a de l'art exquis et un amour profond de la Nature dans ce Volume : « Les Pommiers en fleur » , que M. Emile Blémont vient de publier chez l'éditeur Charpentier. Le Poète chante la Campagne, qu'il aime à la façon d'un citadin, astreint, tout l'hiver, à la vie du gaz. Ses vers sentent bon la forêt et la mer, la « grande mer retentissante », comme il dit. Ils évoquent les ciels rayés du vol des hirondelles et des mouettes, et des coins délicieux de bois, où des sources pleurent sous les mousses. M. Blémont célèbre, en des vers pétillants comme le cidre, la Normandie, ses filles accortes et ses ménagères robustes. Il est de ceux qui placent dans la vie des champs la félicité suprême, et on s'attend à le voir s'écrier, à chaque détour de vers : « O fortunatos nimium! etc... » C'est donc surtout un paysagiste. Ses tableautins s'étayent d'un idéalisme discret qui, parfois, se fait jour, à la dernière strophe, en des vers de pure spéculation métaphysique; mais c'est le moins souvent possible. Toute une partie du volume note, avec des grâces charmantes, des motifs de rondes enfantines, de chansons populaires, dont me restent ces vers :
Tant qu'on n'aime pas,

On est Barabbas; Aussitôt qu'on aime,

On est Jésus même.


 Si quelques pièces, comme, par exemple. « Baptême des fleurs » et « Dînette au bois » rappellent par trop la manière de Victor Hugo, du Hugo de la Chanson des rues et des bois, il se dégage, en revanche, de la plupart des autres, une note bien personnelle. M. Blémont est un formiste remarquable. Sa facilité à disposer des rimes et des rythmes est presque miraculeuse. Il a des vers comme celui-ci :


... Le firmament mêle à la forêt mouillée
Des palpitations de clarté pâle

 Somme toute, un livre de vrai poète, à lire et à relire et qui consacre définitivement M. Blémont, l'un des plus ingénieux Parnassiens.

E. R.


 Graaf de Villiers de l'Isle-Adam, door Dr Jan Ten Brink. (Extrait de la revue « Nederland ». Amsterdam, 1890,

40 p. in-8°). — Villiers de l'Isle-Adam, par A.-S. (A. Symons), dans l'«Illustrated London News », 24 janvier 1891.
 Très bonnes études bien nourries de fait, de citations, de rapprochements. Après avoir esquissé la généologie intellectuelle de Villiers, montré comment il procède de Hoffmann et de Poë, de Baudelaire et de Quincey, etc., l'auteur analyse les œuvres, en rappelant encore, çà et là, ce qu'elles doivent à telles et telles influences, y compris celles de la naissance et de l'éducation. Pour l'excellent critique hollandais, Villiers fut un romantique attardé, un romantique énigmatique et ironique dont la présence, la parole et les écrits, en un temps de naturalisme souvent très bas, furent une haute protestation. Et entendue : car Villiers reste et le naturalisme n'est plus: il a disparu sans presque rien laisser, car l'observation exacte — dont M. Zola, d'ailleurs, se moque parfaitement — date, semble-t-il d'un peu, un peu plus loin. Lire de « Tribulat Bonhomet » le long des si calmes, si gris canaux de Leyde (où demeure M. Jan Ten Brink), une page d' « Axël » dans les sombres allées qui tournent autour du Burg, — et en revenant considérer les bizarres et presque assyriennes bêtes qui en gardent l'entrée désormais ouverte : dans cette ville de vieille culture française et classique, janséniste et protestante, cela doit être bien spécial : et pour cela, sans doute, l'article est intéressant.

 La brève notice de M. Symons est anecdotique : elle est surtout fine et spirituelle.

R. G.


 Culs-de-lampe, par Albert Boissière, (Fischbacher). — Chacun des courts poèmes de ce petit recueil possède une épigraphe empruntée aux aèdes les plus divers, dont voici la liste : René Ghil, Henri Heine, Sully-Prudhomme, Richepin, Mallarmé, le Dante, Swedenborg, Leconte de l'Isle, Villon, Musset, Glatigny, Mathurin Régnier, Sapho, Baudelaire, Verlaine, Vigny, Banville et Ronsard. Monsieur Boissière leur doit tout. Il emprunte le fond de l'un et l'habille avec la forme de l'autre, ce qui lui permet de parcourir en vingt pièces, avec une dextérité méritoire, toutes les gammes connues, commençant au naturalisme et finissant à la déliquescence.

E.D


 Flumen, par Pierre Devoluy. — De beaux vers lyriques, composant des poèmes bien rythmés, qui s'harmonisent les uns avec les autres, afin d'exprimer symboliquement une seule idée dominatrice. Peut-être trop de cette éloquence à laquelle Verlaine veut tordre le cou. Voici une strophe :
Les générations en flottilles compactes
Voguant vers les Toisons des Futurs fastueux
Jettent par-dessus bord l'argile des vieux dieux;
Et, veuves graves, rompant les lieux des pactes
Tiennent la barre sur l'effroi des cataractes

 M. Devoluy nous révèle là bien du talent. Combien plus en montrerait-il s'il ne subissait l'influence du grand Pontife qui proclame « la méthode évolutive-instrumentiste d'une poésie rationnelle! »

E. D.

 Les Suppliantes d'Eschyle, drame lyrique en deux tableaux et en vers, traduit et adapté pour la scène par Paul Abaur (Marpon et Flammarion.) — Des trois tragiques grecs, deux sont d'habiles dramaturges, pleins de talent et de ressources, connaissant à fond le métier; Sophocle est un peu dur et amer ; Euripide, pour plaire a un public devenu pitoyable, se fleurit de sentiment, intercale dans telle sombre légende des amourettes et des galanteries, — ce qui rend insupportable son Iphygénie, non moins que l'adaptation de M. Racine(le père). Eschyle à écrit le Prométhée, la seule œuvre grecque qui soit redevenue adéquate à notre besoin, en littérature, de l'horrible et du fantastique, du rêve trouble et de l'inexpliqué. Sans avoir le même intérêt de mystère, les Suppliantes ont, néanmoins, une grande valeur tragique et lyrique : c'est faire preuve de hautes préoccupations d'art que de les adapter pour tenter, je suppose, la Comédie Française. Les traductions en vers ne me séduisent guère : on y prend trop de libertés, à moins d'une méthode spéciale, avec le texte: celle-ci vaut bien celles de M. Lacroix.

R. G.

CHOSES D'ART

 Voici que s'inaugure la fatale saison des expositions. A peine closes les salles de Durand-Ruel, où, parmi d'authentiques horreurs, on pouvait voir des Rodin, des Carrière (portrait de Verlaine) et un beau tombeau de femme de Bartholomé, ce sont les petits salons des cercles qui ouvrent leurs portes, l'Epatant, le Volney, sans compter l'Exposition des Aquarellistes, le tout encombré des coutumiers chefs-d'œuvre que l'on sait.


 Paul Gauguin vient de terminer un portrait à l'eau-forte du maître Stéphane Mallarmé. Nécrologie : Meissonnier, Chaplin — mais heureusement Pierre Petit et Fragonard vivent encore.


 Nous apprenons la mort de Théodore Van Gogh, le sympathique et intelligent expert qui s'employa tant pour faire connaître au public les œuvres des artistes indépendants les plus audacieux d'aujourd'hui, pendant les trop courtes années qu'il resta directeur de la maison Boussod et Valadon du Boulevard Montmartre.

G.-A. A.


Échos divers et communications

 Le Banquet du 2 février. — Il serait bien oiseux de narrer tout au long, après tant d'autres, la fête organisée par le groupe symboliste en l'honneur de Jean Moréas, et que présidait M. Stéphane Mallarmé. Toutefois, avant de publier la liste complète — ou à peu près! — des personnes présentes, nous noterons les toasts.

 M. Stéphane Mallarmé  :
 « A Jean Moréas, qui, le premier, a fait d'un repas la conséquence d'un livre de vers, et uni, pour fêter le Pélerin Passionné, toute une jeunesse aurorale à quelques ancêtres.
 Ce toast,
 Au nom du cher absent Verlaine, des Arts camarades et de plusieurs de la Presse, au mien, de grand cœur
. »
 Jean Moréas répond :
 « Seul, un silence ému saurait signifier combien je garderai doux le souvenir de cette fête. Je me tairai donc, mais non avant d'avoir porte la santé de Paul Verlaine. »
 M. Henri de Régnier remercie l'assistance de la faveur avec laquelle fut accueillie l'invitation au banquet: il remercie spécialement M. Stéphane Mallarmé, « qui a bien voulu, en acceptant de présider cette réunion, l'honorer de l'autorité de sa présence ». Puis il nomme Théodore de Banville, Sully Prudhomme, Léon Dierx, de Hérédia, André de Guerne, Philippe Gille, Francis Poictevin, Armand Silvestre, qui, empêchés, ont « notifié leur absence par les lettres les plus courtoises ». M. Henri de Régnier termine en buvant « aux uns et aux autres, et à Leconte de Lisle, le doyen des Lettres françaises, et aussi à notre ami Jean Moréas. »
 M. Maurice Barrés boit à un mort, à Charles Baudelaire, — et M. Vanor à un autre défunt : Jules Laforgue. M. Albert Saint-Paul remercie les organisateurs de la fête. Charles Morice lit un beau sonnet : A Jean Moréas. M. Bernard Lazare boit à M. Anatole France. « au très habile écrivain, au plus autorisé représentant de la critique parisienne, cette critique toujours bienveillante (sic) pour la jeune littérature, cette critique pour laquelle nous avons tous la stricte reconnaissance due à tant de si généreuse et vaillante bonne foi ». M. Achille Delaroche boit à la Poésie Symboliste et à Stéphane Mallarmé (longs applaudissements). Dauphin Meunier salue « les Arts camarades ». Maurice Duplessis lit — trop vite — un superbe poème. M. Georges Lecomte boit « à ceux qui ne mangent pas » . Et M. Clovis Huges, après quelques mots drôles qui rattachent Marseille à la Grèce, dit avec chaleur une longue poésie, — ce qui lui vaut un toast de M. F. Vielé-Griffin. M. Tellier boit à la Poésie. M. Emmanuel Chabrier unit — avec quelque difficulté — la poésie et la musique, et boit à Mallarmé et à Moréas. M. Daurelle dit qu'«  il est ici un éminent journaliste et grand romancier » , et il toaste en l'honneur d'Octave Mirbeau : applaudissements frénétiques, après lesquels R. Minhar et Raoul Gineste collaborent à se rappeler tels vers de Baudelaire, avec quoi Gineste porte la santé de Félicien Rops.
 Voici maintenant, telle que nous avous pu l'obtenir, la liste de Babel des personnes présentes :
 Stéphane Mallarmé, Jean Moréas, J. Huret, Octave Mirbeau, Schuré, Henri Lavedan, P. Quillard. F. Hérold, Ch. Morice, A. Delzant, Emm. Chabrier, Sherard, Hugues Rebell, G. Heymonet, Mathias Morhardt, Paul Percheron, Tausserat,

Albert Saint Paul, Dufay, G. Sénéchal, Ach. Delaroche, Gauguin, Dauphin Meunier, Alexis Boudrot, Paul Roinard, Ernest Raynaud, Maurice du Plessys, Souday, Aug. Germain, Dodillon, Doncieux, G. Trarieux, H. Quittard, Signac, Jules Renard, Ch. Bouguereau, Champsaur, Meyerson, Corbier, Pierre Hermant, L. Barracand, Gayda, Eug. Tardieu, Bunand, Léopold Lacour, Clovis Hugues, Daurelle, A. Fontainas, Odilon Redon, G. Vanor, J. Christophe, R. Gineste, Seurat, Maurice Fabre, Maurice Barrès, Henri de Régnier, Bernard Lazare, F. Vielé-Griffin, H. Masel, Beraldi, R. Minhar, E. Jaubert, Lintilhac, Daniel Berthelot, Alfred Vallette, Félicien Rops, André Gide, Alfred Samain, Raymond-Bonheur, Quiquet, Dubreuilh, l'éditeur Lacroix, docteur Barbavara, G. Lecomte, Jean Carrère, Collière, Fuchs, Fourest, Anatole France, Bartoux, Bonnet, Saint Silvestre, R. de Bonnières, Capillari, Ch. Raymond, Félix Fénéon, Bailliot, J. Le Lorrain, La Tailhède, J. Tellier. - M. Catulle Mendès est arrivé vers onze heures, descendant du train de Belgique.
 Ne quittons pas le dernier chapitre des banquets sans parler du dernier dîner des Têtes de Bois (5 février), présidé par Jean Dolent, et où l'on remarquait les peintres Eugène Carrière, Paul Gauguin; le poète Charles Morice; l’affichiste Jules Chéret; le statuaire Jean Dampt. Etaient là aussi Marc Amanieux, Armand Renaud, Paul Dupray, Henry Piazza, Charles Masson, Félicien Champsaur, P. Giat, Ernest Carrière, Agache, Albert Maignan, Jules Valadon, Armand Berton, ― Grand succès pour Charles Morice; bon accueil à MM. Marc Amanieux, Armand Renaud, Henry Piazza.
 Ont paru ces derniers jours: chez L. Genonceaux, le Sanglante ironie, par Rachilde; chez Savine, Vieux, par G. Albert Albert Aurier; chez Tresse et Stock, Le Vierge, par Alfred Valette.
 Le catalogue complet d'Odilon Redon - tableaux, dessins et lithographies ― sera prochainement publié par l'éditeur Deman, à Bruxelles.
 Ce n'est pas la première fois que, soit comme député, soit comme avocat, M. Millerand plaide « pour la Littérature ». Dans la question de La Fille d'Elisa, mû par son respect de la liberté de l'art et de la pensée, il a prononcé à la Chambre quelques paroles spirituellement ironiques dont il faut le congratuler (Thermidor ne nous a pas fait oublier cet incident plus ancien, mais plus intéressant). Avec tact, il n'a pas trop insisté, comprenant qu'on ne raisonne pas avec l'hypocrisie et qu'on ne peut, en deux mots, instruire le provincialisme de gens ignorant que M. de Goncourt a montré, depuis quarante ans, plus de talent et plus de courage qu'il n'en faut pour être, ― de droit,― au-dessus de la critique préventive. Je me figure que tous les hommes de lettres désintéressés trouveraient en M. Millerand, à l'occasion, un défenseur contre l'arbitraire, la sottise ou la pudibonderie: c'est avoir choisi la bonne part.

R. G.

 Notre collaborateur. Laurent Thailhade vient d'avoir la douleur de perdre son père. Nous le prions de trouver ici l'expression de nos plus cordiales condoléances.
 Nous n'avons point voulu, l'autre mois, risquer d'enterrer vivante la revue Art et Critique; mais l'appel inclus en la lettre très digne que son directeur, M. Jean Jullien, publia dans son dernier numéro n'a pas été entendu, et cette excellente publication a cessé de paraître. ― Les anciens rédacteurs d’Art et Critique se réunissent le dimanche, de 4 à 7 heures, au Café Gutenberg, 25, boulevard Poissonnière.
 Une circulaire de M. L. de Saunier nous informe que « Le Carillon vient, par acte en date du 12 février, d'être vendu. » L'ancienne rédaction s'est retirée tout entière. ― Le Carillon tranformé (toujours 25, rue de Lille), dont nous recevons le premier numéro, parait dans le format des grands quotidiens.
 À nos confrères curieux de littérature étrangère « moderne », nous recommandons la revue hollandaise De Nieuwe Gids (Amsterdam), qui suit attentivement notre évolution littéraire. Rédaction: Frederik van Eeden, F. van der Gocs, Willem Kloos, etc.
 Signalons dans Fin de Siècle ― hebdomadaire grand format dont le Rédacteur en chef est M. René Emery ― les amusants dessins de P. Balluriau.
 Un des meilleurs romanciers italiens, M. Ugo Valcarenghi, a récemment fondé à Milan une intéressante revue: Cronaca d'Arte, qui s'occupe beaucoup du mouvement littéraire et artistique français. Notre confrère M. Ernest Vinci est chergé de la correspondance parisienne. ― La Gazetta Letteraria (Turin) publie un article sur le Régime moderne, de M. Taine.
 Nous avons reçu la première livraison du Magazine Français illustré, jolie publication dont le directeur littéraire est M. A. Lacroix. ― Curieux numéro de La Plume, consacré à Aristide Bruant et au Mirliton (illustrations de Steinlen, Lautrec, Jean Caillou, etc.). Y lire une émotionnante nouvelle d'Alcide Guérin: A l'Opéra, d'un style souple et nerveux, et un article d'Alexandre Boutique: A propos du Symbolisme. ― Au sommaire de la Revue Blanche: Alexis Noël, Robert Bernier, Thadée Natanson, Paul Leclercq, Claude Cehel, etc.

Mercure


(I) Nous sommes obligés de remettre au prochain fascicule les notes bibliographiques annoncées sur : Le Pèlerin Passionné (Jean Moréas), Le Don d'Enfance (Fernand Severin) et Peines du cœur (Jean Surya). — Au mois prochain également : Vieux (G.-Albert Aurier); La flûte à Siebel (Max Waller); Les Confessions, Souvenirs d'un demi—siècle, 1830-1890 (Arsène Houssaye); Talleyrand, Mémoires, lettres inédites et papiers secrets, accompagnés de notes explicatives (Jean Gorsas);Presque (Francis Poictevin); Le Jardin de Bérénice (Maurice Barrès); Femmes et Paysages (Jean Ajalbert); Le Bonheur de mourir (Auguste Chauvigné).


(2) Voir cette Préface dans le dernier numéro du Mercure de France, p. 65.


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