Les Livres octobre 1892

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Mercvre, « Les Livres », Mercure de France, t. VI, n° 34, octobre 1892, p. 171-178.


LES LIVRES (1)


 La Passante, par Adrien Remacle (Bibliothèque Artistique et Littéraire).— Sous ce titre : La Passante, M. Remacle vient de publier, dans l'élégante collection de la Bibliothèque Artistique et Littéraire, un poème en vers et en prose, qui chante l'ascension d'une âme d'abord incarnée, puis débarrassée de son corps à travers des conditions d'existence de moins en moins imparfaites, et partant de plus en plus heureuses. L'auteur a mis beaucoup d'imagination dans les descriptions qu'il a données de divers états de la vie posthume. Peut-être eût-il mieux fait de s'en tenir aux grandes traditions orientales ou occidentales, d'ailleurs identiques au fond. Le Bouddhisme, la Kabbale, le Druidisme lui eussent fourni sur l'existence d'une âme entre deux réincarnations des aperçus d'une incomparable richesse, et, en réalisant une œuvre d'art,il eût aussi réalisé une œuvre philosophique. Mais M. Remacle peut arguer à bon droit qu'il a voulu écrire une œuvre d'art, simplement, et demander qu'on le juge non pas comme occultiste (il le sera pourtant en cette qualité dans un prochain numéro du Mercure), mais comme poète.
 Il ne me reste plus alors qu'à louer la manière dont il a su arranger poèmes en vers et poèmes en prose pour arriver à une intensité extrême d'expression. A chaque instant, l'auteur, obligé de rendre des sensations et des idées sinon inconnues, du moins à peine devinées de nos sens et de notre esprit actuels, a réalisé de merveilleux tours de force littéraires. Il est difficile d'analyser à fond en quoi consiste ce bonheur particulier d'expression. Il semble toutefois que les connaissances musicales de M. Remacle lui ont été d'un grand secours. Ses vers comme sa prose sont d'un musicien consommé. Il parait avoir combiné les voyelles et les consonnes de chacune de ses phrases comme autant de notes, et il est arrivé ainsi à créer, à coté du sens littéral, un sens musical, parfaitement approprié aux ondoyances, aux ténuités, aux apparitions fugaces, que devait évoquer son poème.

E. D.

 Bois ton Sang, par Pierre Devoluy (Édition de « Chimère ». Librairie de l'Art Indépendant). — Si une préface d'Albert Lantoinc ne le disait, parmi de plus nécessaires renseignements, je n'aurais pas cru l'auteur instrumentiste-évolutionniste. C'est une école, dit-on; il en est sorti avec cette œuvre où, détendant non seulement l'art, mais une Cause, le poète, fidèle à la barbare noblesse de son titre, n'a rien écrit de vulgaire, ni en ses pages de douceur, ni en ses pages de violence et de sang; — ainsi:
 Douceurs des vieux parfums issus de robes closes:
 Sont-ce les amours clairs aux thyrses de mimoses
 Ou le cantique blanc de sombres orangers ?
 En le vent des lilas nimbés d'épithalames
 Humé-je les désirs ivres des jusquiames ?...
Ou:
 Un vent d'orient mouille en frisselis calins
 Nos stupeurs de jeunesse éprise des hauts rêves
 Et qu’obsède l’éclair intermittent des Glaives...
 Clairons sur les berceaux, clairons sur les alcôves,
 Clairons galvanisant des éveils d'aubes fauves —
 Un Israël tressaille aux sursauts des tambours...
 La partie du recueil appelée Flumen m'a paru la meilleure, celle des vers les plus fermes, les plus droits:
 (Un réconfort sort de la foudre et les tient droits!)
 Celle aussi des images les plus nettes , les plus sauvages, — et souvent nouvelles.
 Maintenant, pense-t-on que j'aurai la naïveté de « reprocher » à l'auteur son patriotisme? Et pourquoi? Qu'il suive son instinct et sa voie. Est-il fâcheux que ce sentiment, que l'on croyait littérairement caduc, reverdisse là en vigoureux surgeons? Peut-être, mais j'aime encore mieux de bons vers à la gloire de l'Epée que toutes ces pacifiques rengaines où se clame le désir d'un tas de rêveurs maladroits vers la niaise et péronnelle rigolade qui semble devenue l'idéal de la ridicule humanité. La haine plutôt qu'une fraternité grotesque!
 Et

Les vieux glaives et les framées

(la pièce que clôt ce vers m'est dédiée — en épigramme !) j'aime encore mieux cela que le sentimentalisme, — et la barbarie, même sanglante, que la jocrisserie d'une civilisation industrielle et bassement confortable.

R. G.

 Une Transformation de l'Orchestre, Conférence faite au Théâtre d'Application, par Charles Henry (A. Hermann). — « Etant donnés l'orchestre tel qu'il est et une partition d'orchestre dans toute sa complexite, n'est-il pas possible de traduire dans une langue plus simple, quoique suffisante, les infinies nuances de l'orchestration ? » La question ainsi posée semblerait résolue par l'affirmative ; mais M. Ch . Henry nous propose comme modèle l'orchestre des tsiganes et leur cymbalum; il cherche évidemment à côté ; l'orchestre tsigane produit surtout un effet de surprise; quand on l'a entendu trois fois, il agace; je ferai observer ensuite que le cymbalum rappelle plutôt le son du clavecin que la combinaison de la harpe et des timbales. Si M. Ch. Henry remplace la timbale par la grosse caisse blousée, je ne vois pas bien ce que nous y gagnerons en agrément. Tous les orchestres des petits théâtres parisiens, en effet — chacun ne dépasse guère une vingtaine d'exécutants —usent et abusent des timbales; on y tape sur ces pots à confitures avec une rage déplorable; cela part avec les cuivres, au moindre forté, comme une écluse, et il suffit d'entendre par malechance un acte d'opérette pour en avoir la tête cassée. — L'orchestre des tsiganes, enfin, est surtout composé d'instruments à cordes; il ne contient ni cors, ni trompettes, ni hautbois, ni bassons, ni flûtes; il ne traduira donc pas «les infinies nuances de l'orchestration», les timbres des instruments ne se substituant point, hormis les cas exceptionnels que tous les compositeurs connaissent et dont ils savent très bien tirer parti.
 Quant à la querelle des dissonances et des consonances, elle est puérile. Un accord est reçu consonant par le consentement général, parce que les gens qui écoutent ont les oreilles faites d'une manière et pas d'une autre; c'est à l'unanimité des suffrages qu'on a banni les accords de secondes, et simplement parce qu'ils font hurler. M. Ch. Henry peut s'asseoir devant son piano et plaquer la succession (ut, re, mi, fa d, sol d, la d) qu'il nous indique, et s'en convaincre lui-même. — J'ai quelque idée, avec cela, qu'il a expérimenté sur des sujets non seulement pas musiciens, mais n'ayant pas le tempérament musical. — Maintenant, vous savez, en Chine, il n'est pas de meilleur concert que de taper sur le cul des chaudrons!

C. Mki.

 Anarchistes, par John-Henry Mackay, traduction de Louis de Hessem (Tresse et Stock). — Une suite de décors londoniens, dont quelques-uns fort saisissants, comme le Royaume de la Faim, les descriptions de Whitechapel, de Trafalgar Square au moment du meeting des unemployed, au travers desquels l'auteur nous promène en compagnie d'un guide destiné à bien mettre en relief toutes les horrifiques misères entrevues, et à les accompagner d'un juste réquisitoire contre la société qui les cause ; une autre partie, de discussion, tendant à établir l'incompatibilité de l'anarchie et du communisme, telle est à peu près la composition du livre de M. J.-H. Mackay.
 Pour ce qui est de la forme, nous n'en dirons rien, puisqu'il s'agit là d'une traduction; quant aux idées exprimées, il nous a paru qu'elles étaient discutables, au moins sur quelques points. — L'anarchiste Carrard Auban, le principal personnage du volume, croit, avec M. J.-H. Mackay, que seule l'action individuelle, délivrée de toutes les entraves contemporaines, et mue par cet unique ressort, selon lui très humain, l’égoïsme, présidera, dans la suite, aux rapports sociaux. Malgré la célèbre formule de Hobbes « homo homini lupus », nous ne pensons pas que l'être humain tende ainsi à se renfermer dans un complet désintéressement de ses semblables et ne vise qu'à son bonheur propre. Ce n'est pas que nous invoquions avec Trupp le communiste — trop lyrique pour n'être pas un peu imaginaire — des arguments sentimentaux ou optimistes. Il nous semble, au contraire, que Carrard Auban n'a peut-être pas examiné la question avec assez de froide raison. S'il ne s'était laissé trop volontiers entraîner par ce désir de déclamation qu'il reproche à ses contradicteurs, il aurait mieux compris que l'homme est, a toujours été le ζοον πο λιτικον d'Aristote, c'est-à-dire un être organisé pour ne pas vivre seul, pour mettre en commun ses intérêts, ses joies et ses peines ; il se serait rendu compte qu'un individu ne saurait devenir absolument égoïste sans manquer aux plus simples lois physiologiques et constituer par cela même un être d'exception. Car, comme l'a si excellemment écrit le regretté Guyau : « Il est aussi difficile de circonscrire dans un corps vivant une émotion morale, esthétique ou autre,que d'y circonscrire de la chaleur ou de l'électricité; les phénomènes intellectuels ou physiques sont essentiellement expansifs et contagieux ». Aussi est-il, à notre sens, plus logique d'espérer, ainsi que le professe le socialisme, en se fondant sur la nature propre à l'être humain et sur l'histoire de son passé, que l'évolution do l'humanité vers le meilleur sera réalisée par le communisme: c'est en effet à la forme défectueuse des sociétés actuelles, basées sur la propriété, qu'est due, de nos jours, la déviation anormale vers l’égoïsme de la tendance altruiste naturelle à l'homme.

G.D.

 Pochékhonié d'Autrefois, par Chtchédrine, traduction de Mme Polonsky et M. Debesse (Savine). — Habilement traduit du russe, ce roman est délicieux. D'ailleurs, est-ce bien un roman? Il semble que la vie de nos amis d'hier (lesquels avant-hier étaient les féroces tyrans de leurs serfs) se soit reflétée tout entière dans ce miroir magique. Et que de malices couvrant une philosophie exquise, que de jolies phrases passant, d'un air détaché, en couleuvres zig-zaguant sous l'herbe et venant vous enlacer de replis perfides! Cela est tellement simple et en même temps si profond, si dans la chair même du noble Russe! Nicanor, celui qui raconte, égrène là-dedans tant de colliers de framboises et tant de joyeux chapelets de fraises qu'on le sent vraiment Slave, c' est-à dire l'enfant terrible qui a toujours l'air de prendre de sinistres gouttes de sang pour de jolis fruits rouges... A la bonne heure : du roman russe comme cela, il en faudra toujours.

***

 L'Envol des Rêves, par Arthur Dupont (Lacomblez).— A regarder simplement en curieux les choses de la littérature, il est amusant de constater que la jeune poesie, en Belgique, et actuellement bien meilleure qu'en France. On y trouve moins de rengaines, de sentimentalisme bêta, de romances, de petites fleurs bleues. Qu'on le remarque, j'indique la production en général, non le livre de tel ou tel, encore que les œuvres d'allure, là-bas, ne soient point rares. Les jeunes gens de Bruxelles ont sans doute le bon esprit de mettre au panier leurs tâtonnements; ils arrivent avec une sûreté de métier qui charme; on sent qu'ils pourront donner quelque chose; on est très sûr qu'ils ont rejeté la vieille défroque, qu'ils ne s'attarderont point, par exemple,à nous rabâcher « les beautés de la Nature ». — Et il m'est agréable de parler ainsi à propos de M. Arthur Dupont, pour moi un inconnu, mais dont l'opuscule pas banal, malgré certaines défaillances et des choses rencontrées ailleurs, contient nombre de beaux vers.

C. Mki.

 Claires Matinées, par Léon Hély (Sauvaitre). — Ici, nous les retrouvons, les « Beautés de la Nature », et les peintres de la Nature, et les Chantres de la Nature; avec le Beau, le Vrai, l'Amour, la Foi, et les blancs coursiers de l'Avenir, l'auteur en tire vingt pièces dans la note lamartinienne, déclamatoire et pleurnicharde. On m'a déjà certifié d'ailleurs que les bouquins de vers communément dits « de jeunes » étaient cuisinés par un seul « poète » et présentés sous des pseudonymes variés par simple dilettantisme. Le fait n'aurait rien d'excessif, étant donnée l'incontestable similitude dans le médiocre qui les caractérise; vous verrez aussi, un de ces jours, nous apprendrons que le « jeune » en litige est dans l'âge déplorable de M. Grandmougin.
 M. Coppée donne en préface aux « Claires Matinées » les paroles banales dont il a coutume.

C. Mki.

 Un Amant, par Emily Brontë, préface de T. de Wyzewa (Perrin et Cie). — Malgré la tendresse de M. de Wyzewa pour tout ce qui n'est pas une découverte française, nous pourrions découvrir pas mal de névroses basbleuesques dans notre pays moderne, tout aussi douées que peut l'être Emily Brontë, datant de 1848, ère anglaise. Mais Emily étant morte prématurément, les dieux d'aujourd'hui l'aiment à n'en pas vouloir voir les défauts. Il faut mourir d'abord, être Anglaise ensuite; le reste vient de soi-même. Un Amant, traduction de titre aussi grossièrement choisie que possible pour un livre dont toutes les tendances sont indiquées par cette phrase : la colline battue des vents (titre anglais), est une histoire racontée par une gouvernante avec tout de luxe de détails que comportent les scènes anglaises. Il y a un tzigane fatal, une jeune fille affolée d'amour pudique et beaucoup d'enfants. Le drame va d'une génération à l'autre. Sauvagerie sinistre d'expressions n'amenant que des faits vulgaires ; et, n'en déplaise a M. de Wyzewa, pas de perversité pour un sou.

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 Printemps sombre, par Charles Cudell (Bruxelles, La comblez). — Ce petit livre acerbe peut être mis sur le même rang que l'Albert de Louis Dumur. Même désespérance en face de la vie et de l'amour, même abandon de la lutte quand vient l'été de l'âge. Il est certain que M. Charles Cudell est de ceux qui disent bien haut: « Mais laissez-nous pleurer puisque ça nous amuse. » Au fond, il a raison comme Albert, et termine logiquement une existence condamnée, dès son aurore, par le spleen des révoltés. Très joli morceau de description dans le passage de la mort de la jeune fille que l'on enterre en état de putréfaction. Cette pourriture vierge et cependant pourriture infecte est supérieurement rendue par un matéraliste élégiaque. Ecrit avec soin et de-ci de-là poétique, ce petit roman a tout le poivre que comporte un livre de blasé.

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 La Bataille de Tire-tes-Grègues, par Maxime Oget (Savine).— Bien de l'incohérence eu beaucoup trop de pages.

Z.

 Peau de Satin, par Paul Ponsolle (Savine).— Il ne s'agit nullement de la polka qui porte ce nom, mais d'une femme du monde, « sorte d'animal paresseux dont on masse le cuir tous les jours », aurait dit le regretté Cladel. Cette femme du monde vit dans un singulier milieu où on rencontre des hommes qui se liguent, comme au temps des Habits noirs, contre la vertu des belles, et font le serment de les déshonorer pour les punir d'être froides. Puis le plus propre de ces hommes-là montre des lettres d'amantes, après boire... et finit par épouser tout de même la Peau de Satin en question. J'aime à croire que M. Paul Ponsolle, vivant dans le meilleur monde, a voulu se distraire de sa profonde monotonie en inventant un autre meilleur monde plus mouvementé, mais absolument étranger au premier. Chez les viveurs de haute marque, on est quelquefois stupide; seulement, on a généralement peur de la correctionnelle.

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 Poésies, par Mme Guzman (Savine). — La « prière d'insérer » jointe à ce livre avertit la presse que Mme Guzman est « l'auteur » d'un legs de cent mille francs « dont les intérêts, accumulés périodiquement, serviront à récompenser le meilleur fabricant ou le meilleur inventeur de moyens d'investigation astronomique, et le capital sera ensuite acquis à celui, quel qu'il soit,qui aura pu établir une correspondance par signaux avec les habitants d'une planète autre que Mars, déjà bien connue. « En tant qu'auteur de legs, Mme Guzman ne laisse point que de se montrer originale; il est malheureusement impossible d'en dire autant de l'auteur des vers: pièces de circonstances, suivies de proses et de poésies en anglais. Combien Mme Guzman nous eût davantage captivés en nous entretenant de ces habitants de la planète Mars qu'elle semble si bien connaître!

A. V.


 La Dragée haute, par Féline de Comberousse (Perrin). — Les héros s'appellent Grainat, Destroipond, Palingru, Cerfeuil, Vaucloison, et enfin il y a un jeune romancier de la nouvelle école qui répond au nom de Gaston Lesseparbès (Georges d'Esparbès le sait-il? ). On se croirait chez Paul de Kock, n'était la grrrrrande psychologie de l'œuvre! En effet, il y a une femme qui se fait faire la cour par Lessceparbès sans vouloir lui accorder même le petit bout de son doigt à sucer... C'est absolument monstrueux de sa part, aussi Lesseparbès épouse une jeune fille quelconque et l'aime de guerre lasse.
  — Il faut que j'aime cette femme (la jeune fille) parce qu'elle m'aime. Et l'auteur s'écrie: Contre-sens, déraison! Le cœur n'accepte pas de conditions! —Neuf, originalement conté et de bon goût!

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 In Morte Virginia Valentini-Zanardelli da Macerata,Trecento Sonetti di Tito Zanardelli (Bruxelles, J. Morel). — V. Mercure de France, tome IV, page 365.

Z.

 Pour l'amour des Vers, par Cornelius Price (Lemerre). — M. C. Price a sans doute écrit ses poèmes après de strictes lectures du Traité de Banville ; il a tout sacrifié à la richesse de la rime : jamais la consonne d'appui n'est absente, il est vrai — et cela ne suffit pas pour qu'une rime soit bonne — mais presque toujours le vers est rempli avec des mots quelconques, sans couleur et sans harmonie. Et pourtant, à lire quelques vers épars çà et là dans le livre, il semble que M. Price ne manque pas d'un certain don, et peut-être, quand il aura perdu la superstition de la consonne d'appui, trouvera-t-il plus souvent l'image et la mélodie, et nous donnera-t-il un livre dont la lecture aura quelque charme.

A.-F. H.

 Corallé, par Mme Guzman (Savine). — Épisode de la Révolution de Saint-Domingue. Un jeune précepteur d'enfants créoles s'éprend d'une jeune fille fiancée à un noble espagnol. Descriptions du pays. Beaucoup de noms d'arbres et de plantes exotiques; la passion du héros s'en ressent et finit par être décrite en une langue imagée qui ferait le bonheur de deux grands chefs indiens se proposant réciproquement d'entrer dans le sentier de la guerre. Corallé, l'idole, meurt au milieu de la révolte des noirs, ce qui fait pousser au héros quelques anathèmes bien sentis contre ces misérables préférant leur liberté à la douceur du bâton de leurs bons maîtres, les blancs colons, toujours si gracieux... en la personne de leurs filles sans doute.

***

 Les Vibrations, par Amédée Amoric (Vanier). — M. Amédée Amoric a un faible pour l'aphorisme : il s'en trouve bien une douzaine dans les cent lignes de sa Fantaisie-Préface. « L'amour ne naît pas, il existe depuis le commencement du monde et s'éteindra avec lui.... » A parler franc, nous nous en doutions un peu. « Qui dit amour dit volupté; la volupté est l'affolement de la sensitivité, ai-je écrit quelque part... » Bis repetita placent, sans doute, mais... Quant aux poésies,

elles débutent par un bien mauvais vers : « Qu'est-ce que la chanson! La chanson c'est la vie... » D'autres valent mieux, sans jamais toutefois atteindre a l'art.

A. V.


 L'Apostolat Positiviste au Brésil, dixième circulaire annuelle adressée aux coopérateurs du subside positiviste brésilien, par Miguel Lemos, Rio-de-Janeiro, 30, rue Benjamin Constant, — Gloria). — Brochure dont le seul énoncé du titre dit l'importance et l'intérêt.

Z.


 Dicts et Symboles, premières poésies, par Gaston le Poil (Vanier). — II y a un peu de tout dans la minuscule plaquette de M. Gaston le Poil: une dédicace à E. Faguet; un A-propos dit au banquet dela Saint-Charlemagnc ; un Prologue pour nue représentation artistique et littéraire; des chansons, des monologues, des calembours faciles et du mauvais français. Il n'y manque que des vers.

J. C.


 (1) Aux prochaines livraisons : Le Premier Livre Pastoral (Maurice du Plessys); Rimes et Rhythmes (Lagodey); Le Cyclisme théorique et pratique (L. Baudry de Saunier); Eveil d'Amour (Henry de Braisne); Poésies et Poésies nouvelles, 3 vol. (Catulle Mendès); Les Miens : Villiers de l'Isle-Adam (Stéphane Mallarmé); Nudo! (Giuseppe Gramegna); La Revenue (Marius André); Le Salut par les Juifs (Léon Bloy); Le Latin Mystique (Remy de Gourmout); Nieve (Julian del Casal)


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